Chronique – Le village des damnés, John Wyndham

Faut-il lire les classiques ? Non. Enfin, si. Bon, le sujet mérite bien plus qu’une phrase laconique et fera l’objet d’un hypothétique développement ultérieur. La réflexion peut tout de même être amorcée à partir d’exemples concrets, de ces textes qui raisonnent et qui ont dépassé les limites de papier, pour intégrer l’imaginaire collectif, la culture populaire.

Le village des damnés fait partie de ceux-ci grâce à l’adaptation de Carpenter, elle-même remake d’un premier film. Lycéen à l’époque, et déjà pleutre, je me suis empressé de ne pas allé le voir, mais l’affiche et quelques bandes annonces perçues ici ou là ont laissé de vagues souvenirs : des regards dorés. La réédition aux éditions J’ai lu était l’occasion de prendre mon courage à deux mains ; et donc découvrir qu’il ne s’agit pas d’un texte fantastique, qu’il est assez daté dans son fond et sa forme, mais qu’il propose une expérience de pensée, en quasi huis clos, qui mérite qu’on s’y attarde.

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Chronique – Jack Barron et l’éternité, Norman Spinrad

Les sorties actuelles ne sont pas avares en textes inédits ou récents mais j’aime bien de temps en temps me plonger dans un classique que je n’ai pas lu, et encore davantage quand il s’agit d’un roman lauréat du Prix Hugo (1969 ici) – avec peut-être le fantasme de tous les lire un jour. Ces ouvrages classiques ont le bon goût d’offrir une grille d’analyse toute trouvée : comment s’enracinent-ils dans leurs contextes d’écriture ? Ont-ils bien vieilli ? Sont-ils encore d’actualité ? En creux, est-il utile de les rééditer, parfois encore et encore, et encore ; ou de les traduire de manière tardive ?

Il m’arrive assez souvent de me répondre non, de mon simple point de vue de lecteur, mais je serai plus nuancé pour Jack Barron. J’apprécie en effet le ton et les opinions tranchées de Spinrad, mais le texte a tout de même certaines faiblesses datées, tout en étant d’une redoutable – et dérangeante – actualité par certains aspects, notamment l’articulation entre secteur privé, pouvoir politique et rôles des médias, ainsi que le sujet des minorités afro-américaines.

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Chronique – Au carrefour des étoiles, Clifford D. Simak

Je suis toujours tiraillé entre l’envie de lire les grands classiques, qu’ils soient étapes ou fondations, et donner priorité aux nouveautés, qui ont peut-être davantage besoin d’être lues. Au carrefour des étoiles, enfin plus précisément Simak, m’avait été recommandé très chaudement – et fermement – par Pierre-Paul Durastanti quand il a évoqué sa révision de Cristal qui songe. Aussi, sa réédition retraduite par ledit Pierre-Paul en 2021 puis la sortie en poche en août 2022 était l’occasion pour moi de lire une « nouveauté », au sens éditorial, prix Hugo 1964 et œuvre qui me paraît plutôt faire consensus au sein du fandom.

J’ajouterai ma voix au concert de louanges qu’a reçu ce roman. En partant d’une idée légèrement saugrenue et très simple, Simak construit un récit rythmé et prenant, tout en posant la question de l’humanité et de l’allégeance. Grand coup de cœur.

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Chronique – La maison hantée, Shirley Jackson

La maison hantée est considéré comme un des romans fondateurs de l’horreur moderne, culte pour de nombreux lecteurs, et dont l’autrice est adoubée par Stephen King lui-même. Une leçon que je récite parfaitement, sauf que j’ignorais jusqu’au nom de l’autrice il y a encore quelques semaines ; nom découvert, un de plus, grâce au Tag Autrices incontournables en SFFF (donc Vert a fait le bilan sur son blog). Spontanément, je ne serai pas allé vers ce livre car je n’aime pas l’horreur – je déteste avoir peur – et surtout parce la maison hantée me parait être un cliché tellement éculé que je n’achèterais pas un livre dont c’est le ressort principal. Néanmoins, j’aime consolider ma culture et donc lire les œuvres fondatrices, en essayant bien d’avoir cet idée en tête lors de ma lecture.

Mais si La maison hantée est effectivement un récit d’horreur bien mené, dont la maison est peut-être le personnage principal, c’est aussi un récit où la psychologie des personnages est très intéressante. On peut être hanté de plusieurs manières…

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Chronique – Martiens, go home !, Fredric Brown

J’ai déjà évoqué Fredric Brown dans ma chronique de Simulacres Martiens, écrit par son homonyme, où ce deuxième fait un clin d’œil au premier. Pour cette semaine SF & aliens comiques, il était temps que je ressorte cette chronique, publiée initialement sur Facebook en mars 2021.

Un classique que je ne connaissais pas, et qui m’avait été conseillé lors d’une séance de « name dropping ». Le résumé était très alléchant et j’essaie de combler une partie des trous de ma culture littéraire SF. Je ne le regrette pas : j’ai beaucoup ri, tout en adorant le ton et l’ambiance tellement old school.

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Chronique – Deus Irae, Philip K. Dick et Roger Zelazny

Je me suis déjà lamenté – trop peut-être – sur la difficulté que pouvait représenter l’écriture de certaines chroniques. C’était avant de rédiger celle de Deus Irae. Désormais, je réfléchirai à deux fois avant d’employer ce mot, ou je manierai l’euphémisme pudique. Ici, la complexité de l’exercice tient essentiellement à l’esprit du livre, qui m’a arraché un nombre invraisemblable de commentaires, souvent prononcés à voix haute, et dont « what the fuck » est probablement le plus représentatif.

Il s’agissait d’une lecture croisée organisée par Cecilia, du groupe Facebook des Mordus et dont le thème était « autrice ou auteur qui nous a quitté ». Avec mon binôme, Gabriel – surnommé à raison le membre le plus sympathique du monde – nous avons fait les malins en choisissant un titre co-écrit par deux auteurs décédés, deux monuments de la littérature de l’imaginaire. Favorable aux conjonctures, le roman se prêtait bien à cette lecture à deux. Nous avons donc exploré ce monde post-apocalyptique, qui a pour thème centrale la religion (il s’agit donc de ma troisième est dernière chronique qui clôt la semaine qui lui est consacrée, jeu de mot inside) et dont les pattes des deux auteurs sont clairement visibles.

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Chronique – Étrangers, Gardner Dozois

Après vous avoir parlé de la novella Le fini des mers en début de semaine, j’évoque ici l’autre texte que Gardner Dozois a écrit en solo, sensiblement plus long mais tout de même assez court, surtout au regard des écrits plus récents. Ce titre est pour moi l’occasion de saluer franchement l’audace des éditeurs de l’imaginaire et surtout le rôle des directrices et directeurs de collection. En proposant Étrangers au catalogue Pocket, Charlotte Volper fait preuve de la qualité fondamentale nécessaire à sa profession : le respect, ici vis à vis des lecteurs.

En effet, même si vendre un titre est toujours l’objectif, l’édition d’Étrangers me paraît surtout correspondre à la volonté de proposer un texte ardu et singulier mais aussi majeur pour le genre de la Science-Fiction. Car Gardner Dozois, pour son seul roman « long », propose un planet opera qui n’a pas pris une ride, avec l’altérité et l’amour comme thèmes centraux.

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Chronique – Génocides, Thomas Disch

Je reste dans le thème d’une SF végétale. Après le plutôt optimiste Semiosis du début de semaine, voici une toute autre vision, extrêmement pessimiste, imaginée par Thomas Disch dans son roman Génocides. Un livre très dur, qui parle finalement davantage de l’humanité que d’aliens. Un classique à lire.

J’exhume ce court (très court) retour publié initialement sur Facebook, le 18 avril 2019.

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Chronique – Les clans de la lune alphane, Philip K. Dick

Dick devait fatalement arriver sur Mondes de poche. Il suffit d’acheter n’importe lequel de ses ouvrages, de consulter la page « du même auteur », pour constater l’œuvre pléthorique : 26 titres rien que chez J’ai lu ; l’exercice de recherche chez d’autres éditeurs donne des résultats équivalents. De plus, Dick est fréquemment réédité et plusieurs de ses titres, grands classiques, n’ont jamais été en rupture. Habituellement, c’est quand il est adapté au cinéma qu’il est de retour sous le feu des projecteurs mais il s’agit cette fois-ci de commémorer les 40 ans de son décès. Signe qui ne trompe pas, l’auteur a eu le droit aux honneurs d’émissions habituellement plus habituées à parler de culture « classique », comme La grande table culture en date de février 2022.

Je décide donc de profiter de ces multiples rééditions pour replonger dans les œuvres de cet auteur que je n’ai pas lu depuis plus de 20 ans. Ne sachant lequel piocher, j’ai choisi de manière pratiquement aléatoire : une couverture et un titre qui me plaisaient. Bonne pioche ! J’ai beaucoup aimé ce roman aux faux airs de space opera, teinté largement de folie, à l’ambiance marquée de vaudeville.

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Chronique – La main gauche de la nuit, Ursula K. Le Guin

Je ne pouvais décemment pas consacrer une semaine du blog à la SF des années 60 sans évoquer Ursula K. Le Guin, d’autant plus que l’index n’avait pas encore d’entrée à son nom. Même si le propos ou le rythme sont parfois un peu vieillot, et que l’autrice a comme tout le monde des biais d’écriture, on ne peut que constater à quel point ses écrits étaient résolument modernes, précurseurs même, pour l’époque. L’autrice est depuis régulièrement rééditée et ce titre a même été récemment révisé, et doté au passage d’une superbe édition collector.

Voici donc un retour publié initialement sur Facebook le 14 août 2020.

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