Chronique – Symphonie atomique, Etienne Cunge

J’aime la SF car elle est une expérience de pensée, un « et si » qui nous fait rêver ou espérer – parfois – et qui nous met aussi en garde – souvent. Je suis également un anxieux chronique, anxiété alimentée jusqu’à la nausée par l’actualité, qu’elle soit climatique ou géopolitique. Masochiste également puisque le solastalgique que je suis se complait à lire des récits post/pré-apocalyptiques ou dystopiques et que ma profession ne me permet pas de faire l’autruche quant à ce futur joyeux qui attend mes enfants et ceux avec qui je travaille…

Ce petit topo autocentré a pour but de présenter Symphonie Atomique, d’Etienne Cunge, qui anticipe un futur où l’humanité doit affronter l’apocalypse environnementale qu’elle a provoqué et dont l’ego se mesure encore par la capacité à porter le feu nucléaire. C’est aussi un roman construit comme un blockbuster (ne voir ici aucune idée péjorative) d’une grande efficacité, mais qui porte également en germe un soupçon – petit – d’espoir. Un coup de cœur que j’ai détesté adorer.

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Chronique – Sutbil béton, Les aggloméré.e.s

Subtil béton est un pur OVNI littéraire, et à plus d’un titre. Formellement, ce roman est issu d’une écriture très collective – d’où vient le nom « les aggloméré.e.s » – mais aussi individuelle, les parties étant écrites à une main, le tout sur un temps long. En terme de fond, c’est un roman de lutte(s) sociale(s) très engagé – si CNews ou le Figaro sont vos médias de référence, vous allez grincer des dents, voire pire – raconté à hauteur d’individus. J’ai l’impression que la maison d’édition, l’Atalante, avait ce projet très à cœur car c’est la première fois que je lis un roman qui sort en poche moins d’un an après sa version grand format, ce qui me parait témoigner d’une volonté de mise en avant.

Subtil béton questionne un futur malheureusement crédible – je n’ose dire probable – et les luttes intersectionnelles qu’il pourrait provoquer ; c’est aussi – surtout ? – un beau roman d’amour et d’adelphité.

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Chronique – À l’état de nature, Damon Knight

Le Passager clandestin est une maison d’édition très engagée, avec des thèmes propres à mettre des lecteurs du Figaro ou des spectateurs de CNews en PLS, et qui associe des ouvrages qui s’inscrivent dans le réel, sous forme d’essais ou d’enquêtes, à de la fiction qui peut être un point de départ ou un prolongement de ces réflexions. Leur collection Dyschroniques intègre des rééditions de novellas anciennes qui ont l’intérêt – outre de remettre en lumière de vieux textes parfois tombés dans l’oubli – de remettre ces thèmes en perspective en montrant qu’ils ne sont pas nouveaux et de prouver, si c’est encore nécessaire, qu’une des fonctions de la Science-Fiction est de servir de lanceuse d’alertes. La fiction a également pour moi l’intérêt supplémentaire de proposer (souvent) plusieurs points de vue et d’ajouter une part de nuance, toujours indispensable, dans le discours.

À l’état de nature est un texte qui a toute sa place dans la collection ; il développe l’idée d’un futur dichotomique, entre utopie et dystopie et (re)pose donc la question de ce qu’est l’état de nature.

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Chronique – Je suis fille de rage, Jean-Laurent Del Socorro

Après avoir adoré Royaume de vent et de colères, je n’avais pas pu résister à la superbe édition collector de Je suis fille de rage de Jean-Laurent Del Socorro (j’ai depuis lu, et autant apprécié, Boudicca). L’auteur français est devenu spécialiste de romans qui s’inscrivent dans des contextes historiques, auxquels il ajoute une dote plus ou moins grande de fantastique. Sa plume est toujours agréable et il ne tombe jamais dans le piège du manichéisme, sans oublier de faire preuve d’une belle et subtile inclusivité. Je profite donc de la sortie poche de Je suis fille de rage pour exhumer cette chronique, publiée initialement sur Facebook en janvier 2020.

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Chronique – Entre Troll et Ogre, Marie-Catherine Deniel

Après ma liste des 10 romans incontournables écrits par des autrices en lien avec le  #incontournablesSFFF du blog Nervertwhere, j’en profite pour remettre en lumière des livres que j’ai beaucoup aimé avant la mise en ligne de Mondes de poche. Je ressuscite ici une chronique publiée initialement en août 2020, sur le groupe Facebook des Mordus de SFFF, et je me dis que j’aimerais bien que l’autrice écrive davantage de l’imaginaire pour adultes…

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Chronique – Mes vrais enfants, Jo Walton

Il y a des livres qui sont lus trop tardivement : entre l’étape du repérage, puis de l’achat et la stagnation en PAL, il faut parfois un petit déclencheur pour extraire un livre plutôt qu’un autre ; pour Mes vrais enfants, c’est un défi organisé sur un groupe Facebook et dont le thème du mois de juin était « auteur ou autrice avec la même initiale de prénom » qui a fait fonction de. Mieux vaut tard que jamais.

Ce n’est peut-être qu’une impression, mais Mes vrais enfants me parait être un livre très apprécié – euphémisme – par l’ensemble des lectrices et lecteur. Pour ma part, je l’intègre à ma liste des 10 romans incontournables écrits par des autrices. Je ne ferai donc preuve d’aucune originalité en me joignant au concert de louanges. Mes vrais enfants s’appuie sur une idée qui a traversé l’esprit de tout le monde, au moins une fois : et si j’avais fait un choix différent ? Deux uchronies naissent alors mais restent à hauteur d’individus, pour un roman très (très) riche en émotions.

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Chronique – L’ensorceleur des choses menues, Régis Goddyn

Rédis Goddyn est connu essentiellement pour son heptalogie de Fantasy Le sang des 7 rois, cycle que je ne lirai jamais car je préfère ce genre à doses très homéopathiques. Néanmoins, quand l’Atalante m’a proposé L’ensorceleur des choses menues en service presse, la quatrième de couverture était suffisamment intrigante pour que j’accepte, d’autant plus que j’essaie de lire davantage d’auteurs francophones.

En effet, L’ensorceleur des choses menues correspond à la Fantasy qui me plait désormais – même s’il y a des exceptions – avec un univers et des personnages originaux et éloignés des clichés actuels et un discours politique et social fort.

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Chronique – Le Serpent (La maison des jeux T1), Claire North

La collection Une Heure Lumière, dédiée aux romans courts ou novellas, contient essentiellement des titres de SF. Par conséquent, la proposition d’un texte qui n’appartient pas à ce genre – notez les précautions de langage pour ne pas classer ce titre – et qui de surcroit est le premier d’une trilogie, l’éditeur proposant habituellement des one shot à l’exception involontaire de Molly Southborne, ne pouvait que provoquer un petit évènement. Dernière particularité de cette novella, elle est sensiblement plus longue que les autres volumes, promesse d’un texte riche.

Le serpent a pour décor – même si c’est davantage que cela – la Venise du XVIIe siècle avec tout ce que cela implique comme représentations et nous raconte l’histoire de Thene, qui se laisse prendre au Grand jeu, le tout servi par une forme originale et appropriée.

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Chronique – Les enfants du passé, Luce Basseterre

J’ai lu La débusqueuse de monde à sa sortie en poche, déjà au Livre de poche. J’avais beaucoup apprécié ce roman et les livres de l’autrice figurent donc la liste des achats automatiques à chaque nouvelle sortie (et que je ne passe pas au travers des nouveautés). Luce Basseterre fait également partie des auteurs et autrices que je suis sur les réseaux sociaux et dont j’apprécie le côté engagé, dans lequel je me retrouve assez largement.

Avec Les enfants du passé, l’autrice reste dans le genre du Space Opera mais se concentre surtout sur les relations humaines et sur la question du libre-arbitre.

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Chronique – L’obscur, Philippe Testa

Depuis que j’ai ouvert Mondes de poche, j’essaie de suivre un petit plus l’actualité de l’imaginaire, au moins en format poche, et donc d’acquérir les nouveautés qui me font de l’œil. Pour ce livre, je partais complètement dans l’inconnu, avec un auteur que je connaissais pas et que FolioSF est allé « chercher » en Suisse. Le livre est d’ailleurs assez largement passé sous les radars français lors de sa sortie transalpine et je salue la décision courageuse de Pascal Godbillon de le publier dans l’hexagone.

En effet, pessimiste et chargé de colère, L’obscur n’est pas un livre qui aidera son lecteur ou sa lectrice à aller mieux. Il s’agit d’un brûlot qui dénonce le cynisme et les conséquences d’un néo-capitalisme poussé à l’extrême, qui finit par imploser ; chute que contemple un narrateur qui oscille entre résolution, résignation et nihilisme.

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