Chronique – After Atlas, Emma Newman

Il y a un an et demi, je vous parlais d’un coup de cœur, PlanetFall d’Emma Newman, planet opera aux personnages torturés. Sur les réseaux sociaux et dans les commentaires, beaucoup (dont Vert et le Maki) m’ont encouragé à lire la suite en me promettant que ça serait encore meilleur et que l’histoire était indépendante. Je mettais en avant chez Emma Newman une rigueur dans la narration et un talent pour construire ses protagonistes ; les attentes pour After Atlas étaient donc élevées : retrouver une autrice dont la narration et l’univers m’avaient convaincu.

Pour cette suite, Emma Newman retourne sur Terre et change donc de style, en se tournant vers le polar, dans une version procedural. A nouveau un personnage très cabossé, à la fois intégré et marginalisé, dont l’histoire personnelle est intimement liée aux enjeux du premier roman. Et c’est un deuxième coup de cœur.

Lire la suite « Chronique – After Atlas, Emma Newman »

Chronique – La monture, Carol Emshwiller

La littérature, voire l’art en général, oscille toujours entre au moins deux fonctions : divertir et faire réfléchir. Si vous avez dans votre entourage un gardien du temple qui croit encore que la SF ne se cantonne qu’à la première, mettez lui La monture entre les mains. Je profite d’ailleurs de cette saillie (désolé…)  pour remercier les éditions J’ai lu, et avant elles les éditions Argyll, quant à la prise de risque que peut représenter la publication d’un tel roman. En effet, il s’agit de la première traduction de cette autrice en France, largement méconnue, pour un texte qui a déjà plus d’une vingtaine d’années. Certes, il a été distingué du prix Philip K. Dick en 2003, ce qui est un marqueur d’un roman qui s’est… démarqué (désolé bis) mais le sujet n’en est pas moins extrêmement risqué.

Dans La monture, l’autrice nous raconte l’histoire d’une humanité domestiquée par des extraterrestres et aborde donc les thèmes de l’éducation, de la liberté, en faisant preuve d’une remarquable subtilité.

Lire la suite « Chronique – La monture, Carol Emshwiller »

Chronique – Boudicca, Jean-Laurent Del Socorro

Après avoir évoqué Le chien du forgeron en début de semaine, restons dans les héros celtes, cette fois-ci avec une héroïne : Boudicca ; toujours dans l’Antiquité, mais nous passons cette fois-ci du mythe à la légende. J’ai déjà eu l’occasion de chroniquer des romans de Jean-Laurent Del Socorro (et il m’en reste une à rédiger), qui sont toujours de beaux moments de lecture pour moi. Aussi, j’exhume ce retour publié initialement sur Facebook, en mars 2020.

Lire la suite « Chronique – Boudicca, Jean-Laurent Del Socorro »

Chronique – Le chien du forgeron, Camille Leboulanger

Né en 1991, Camille Leboulanger est un auteur prolifique avec déjà six romans à son actif. Il fait également partie de la – trop – longue liste d’auteurs francophones que je voulais découvrir, d’autant plus que j’apprécie son engagement, dont je me sens proche. Aussi, une sortie en poche, avec pour thème la revisite d’un mythe (un genre que j’apprécie), était le petit coup de pouce nécessaire pour une première lecture.

Le chien du forgeron interprète le mythe de Cúchulainn, un des héros – au sens classique du terme – les plus importants du folklore celte. Les légendes qui l’évoquent sont nombreuses, souvent contradictoires, et fixées par écrit beaucoup plus tardivement. Camille Leboulanger décide d’en faire un roman sous forme d’une mise en abyme, tout en lui ajoutant une dimension moderne en se posant la question de la figure du héros, sans oublier – ce qui n’était pas aisé – les personnages féminins.

Lire la suite « Chronique – Le chien du forgeron, Camille Leboulanger »

Chronique – Un gars et son chien à la fin du monde, C.A. Fletcher

C.A. Fletcher est scénariste et écrivain, connu essentiellement pour ses écrits jeunese. Le nom ne me disait rien, et je n’avais pas vu du tout vu passer les retours lors de la sortie en grand format. Mais un titre accrocheur, une couverture efficace et une quatrième de couverture bien écrite, comprendre qui appâte sans trop en dévoiler, sont autant d’éléments qui ont entrainé l’achat.

Le livre aurait peut-être végété quelques temps en PAL, même s’il avait vocation à entrer dans le défi 2022 (catégorie 1 « un animal joue un rôle important » – pour laquelle il pourrait compter triple voire plus), si Elwyn ne m’avait proposé de le lire en lecture croisée. Une belle réussite car nous avons tous les deux beaucoup aimé notre lecture – coup de cœur pour moi – et que Un gars et son chien à la fin du monde se prêtait parfaitement à l’exercice. Un univers post-apo intéressant (et bourré de références métatextuelles), une histoire parfaitement construite et rythmée, ainsi qu’une belle galerie de personnages, Griz et sa quête initiatique en tête.

Lire la suite « Chronique – Un gars et son chien à la fin du monde, C.A. Fletcher »

Chronique – Au carrefour des étoiles, Clifford D. Simak

Je suis toujours tiraillé entre l’envie de lire les grands classiques, qu’ils soient étapes ou fondations, et donner priorité aux nouveautés, qui ont peut-être davantage besoin d’être lues. Au carrefour des étoiles, enfin plus précisément Simak, m’avait été recommandé très chaudement – et fermement – par Pierre-Paul Durastanti quand il a évoqué sa révision de Cristal qui songe. Aussi, sa réédition retraduite par ledit Pierre-Paul en 2021 puis la sortie en poche en août 2022 était l’occasion pour moi de lire une « nouveauté », au sens éditorial, prix Hugo 1964 et œuvre qui me paraît plutôt faire consensus au sein du fandom.

J’ajouterai ma voix au concert de louanges qu’a reçu ce roman. En partant d’une idée légèrement saugrenue et très simple, Simak construit un récit rythmé et prenant, tout en posant la question de l’humanité et de l’allégeance. Grand coup de cœur.

Lire la suite « Chronique – Au carrefour des étoiles, Clifford D. Simak »

Chronique – Planetfall, Emma Newman

J’ai déjà évoqué l’excellente initiative de Vert et son tag Autrices incontournables en SFFF (qui a atteint sa 102 participation le 12 août ; voici le lien de ma propre participation) et, toujours envieux, boulimique même, d’enrichir ma PAL et ma culture des auteurs et autrices de la SFFF, je profite de ces listes quintessencielles pour picorer, voire piller joyeusement.

Planetfall d’Emma Newman apparait dans les 10 titres cités par Vert elle-même. Le livre m’avait déjà été conseillé à plusieurs reprises mais se trainait un peu au purgatoire de la wish list ; néanmoins ce tag, associé au challenge Summer Star Wars, ainsi que l’inquiétude ne pas pouvoir me le procurer – le livre n’a malheureusement pas eu le succès qu’il aurait dû – l’ont fait sortir de la zone grise pour être acheté, puis lu dans la foulée. C’est l’occasion pour moi d’exprimer ce que d’autres ressentent sûrement aussi, pour ce récit ou un autre : la frustration face à l’échec d’un livre qui a tellement de qualités, alors que des romans (bien plus) mauvais fonctionnent. Car avec Planetfall, Emma Newman propose un remarquable et original roman de colonisation, à la narration ingénieuse et surtout peuplé, hanté, de personnages aux lourds stigmates.

Lire la suite « Chronique – Planetfall, Emma Newman »

Chronique – Lazare attend, James Morrow

J’ouvre une semaine consacrée à des textes où la religion joue un rôle important. Il ne s’agit pas de romans du genre « Med Fan » avec des panthéons peu ou prou inspirés de l’Antiquité mais bien de récits – de SF ou fantastiques – qui font de la réflexion sur le phénomène religieux le thème central. Je vous livrerai trois chroniques issues d’horizons et d’époques différents, qui ont en commun d’être plutôt bienveillantes avec l’idée de foi, peut-être un peu moins – voire par du tout – vis à vis des différents dogmes.

Je commence par Lazare attend de James Morrow. Après L’arche de Darwin – que j’ai abandonné mais que je compte bien reprendre un jour – récompensé du prix de l’imaginaire 2018, l’auteur continue son exploration du christianisme, et de ses dogmes surtout, avec une forme d’anticléricalisme sarcastique que certains caricaturistes français ne renieraient pas. Lazare est un personnage tragi-comique, présent aux moments fondateurs du christianisme (oui oui, au pluriel) et condamné à observer ses errements.

Lire la suite « Chronique – Lazare attend, James Morrow »

Chronique – Les clans de la lune alphane, Philip K. Dick

Dick devait fatalement arriver sur Mondes de poche. Il suffit d’acheter n’importe lequel de ses ouvrages, de consulter la page « du même auteur », pour constater l’œuvre pléthorique : 26 titres rien que chez J’ai lu ; l’exercice de recherche chez d’autres éditeurs donne des résultats équivalents. De plus, Dick est fréquemment réédité et plusieurs de ses titres, grands classiques, n’ont jamais été en rupture. Habituellement, c’est quand il est adapté au cinéma qu’il est de retour sous le feu des projecteurs mais il s’agit cette fois-ci de commémorer les 40 ans de son décès. Signe qui ne trompe pas, l’auteur a eu le droit aux honneurs d’émissions habituellement plus habituées à parler de culture « classique », comme La grande table culture en date de février 2022.

Je décide donc de profiter de ces multiples rééditions pour replonger dans les œuvres de cet auteur que je n’ai pas lu depuis plus de 20 ans. Ne sachant lequel piocher, j’ai choisi de manière pratiquement aléatoire : une couverture et un titre qui me plaisaient. Bonne pioche ! J’ai beaucoup aimé ce roman aux faux airs de space opera, teinté largement de folie, à l’ambiance marquée de vaudeville.

Lire la suite « Chronique – Les clans de la lune alphane, Philip K. Dick »

Chronique – Danses aériennes, Nancy Kress

Il s’agit de mon deuxième contact avec l’autrice étatsunienne, après la lecture du Nexus du docteur Erdmann publié dans la collection UHL par le Belial. Ce texte m’avait suffisamment enthousiasmé pour que je commande ce recueil dans la foulée. Cela peut paraître assez étonnant pour quiconque connait mes gouts, car Nancy Kress a parfois la réputation de produire des textes assez froids, ainsi que d’écrire de la HardSF, genre avec lequel je suis en délicatesse (même si j’avoue forcer un peu le trait pour faire mon cabotin). Le challenge Winter Short Stories of SFFF me permet d’extraire ce recueil de ma PAL et d’ajouter 11 textes à mon compteur.

Il s’agit vraiment d’un échantillon des textes de l’autrice, écrits sur quasiment 25 ans, sans liens particuliers les uns avec les autres. Néanmoins, ils ont des caractéristiques communes. L’autrice part toujours d’un élément de SF, plus ou moins détaillé, pour en extrapoler des conséquences et voir dans quelle direction pourrait aller l’humanité, et souvent mettre en garde. Mais ce sont aussi des histoires intimes, centrées très souvent sur la famille et l’amour, avec des personnages féminins intéressants.

Lire la suite « Chronique – Danses aériennes, Nancy Kress »

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑