Interview : André-François Ruaud et les éditions Hélios

En tant que lecteur de format poche, il est assez logique les éditions Hélios aient une place de choix au sein de ma bibliothèque et de ma PAL. Ces derniers ont récemment communiqué au sujet d’un changement de maquette de leur collection et j’ai alors pris mon clavier à deux mains pour poser quelques courtes questions indiscrètes. En créant Mondes de poche, je voulais aussi découvrir un peu plus le(s) métier(s) du livre, et notamment ce qui gravite autour de l’édition. Voici donc la première interview d’une maison d’édition (j’espère qu’il y en aura d’autres), représentée ici par André-François Ruaud, assortie d’un petit concours.

Bonjour, et merci d’avoir accepté l’interview. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter et expliquer votre rôle au sein des éditions Hélios ?

Je suis le directeur des Moutons électriques et donc l’un des directeurs littéraires d’Hélios, puisque cette collection de poche est cogérée par trois éditeurs, dont nous-mêmes (avec ActuSF et Mnémos).

Hélios nait en 2013 :  dans quelles circonstances est née cette nouvelle ME spécialisée poche ? Et pourquoi ce nom ?

Les éditions Mnémos venaient de créer une collection de poche, nommée Hélios, la version « blanche », et notre diffuseur d’alors nous a suggéré d’en faire une collection partagée entre nos trois maisons d’édition, puisque nous avions crée l’association des Indés de l’imaginaire, une structure de collaboration entre nous en vue d’une partie de notre communication [dont voici par exemple la page Facebook]. Nous avons donc réinventé le « look » de ces poches et convenu d’un mode de fonctionnement commun.

Et comment fonctionne ce regroupement d’éditeurs ?

Nous discutons ensemble des choses qu’il est possible de partager et nous répartissons les charges : magazine gratuit « L’Indé », stands sur certains salons, campagnes d’e-mails, présentations en vue des réunions de représentants, et donc, les choix à effectuer pour Hélios.

Il s’agit certainement de la seule collection de poche émanant de trois maisons d’édition, en collaboration. Il n’est pas courant que des éditeurs s’associent de cette manière.

L’essentiel des titres sortent chez Hélios, mais d’autres sortent chez d’autres ME (comme Gagner la guerre ou des titres de Jean-Laurent Del Socorro), pourquoi ?

Les cas sont vraiment multiples, par exemple un partenariat engagé de longue date, avant la création d’Hélios (les reprises de Jaworski chez Folio SF), une envie forte exprimée par un autre pochiste qui sait être convainquant, une opportunité qui ne pourrait être saisie chez Hélios (par exemple la réédition du Grand Hôtel Babylon d’Arnold Bennett chez 10/18 : ne s’agissait pas d’un titre d’imaginaire, ce roman ne pouvait être porté par Hélios).

Quels sont les critères qui déterminent le choix du passage en poche ? Quels sont les changements nécessaires ou utiles ?

Les critères sont réellement nombreux. La vente du grand format, bien sûr, la volonté de « porter » un auteur de nos catalogues respectifs, celle de travailler des titres du patrimoine qui n’existent plus ailleurs (nous faisons tout un travail de fonds : Le Guin, Vance, Zelazny, etc.), des titres d’autres maisons que nous avons envie d’ajouter à notre catalogue (par exemples Les Dévastés de JJ Amaworo Wilson, un chef-d’œuvre de l’afro-futurisme, ou certains titres rachetés à de petits maisons d’édition comme Les Saisons de l’étrange ou Le Chat noir), des titres qui ne correspondraient pas à la manière de faire des autres pochistes (par exemple les petits guides de chez ActuSF)…

Et est-ce que certains titres sont sortis directement en poche ?

C’est le cas par exemple de deux des plus grosses ventes de la collection : Le Sentiment du fer de Jean-Philippe Jaworski et la traduction intégrale de la dystopie suédoise Kallocaïne de Karin Boye. Là encore, les critères sont variables : nous avons créé ce recueil original de Jaworski justement afin de fournir un titre très porteur à la collection, quant à Kallocaïne, c’est le diffuseur d’alors qui nous avait demandé de la faire directement en poche.

En presque 10 ans, quelle est la vie de la collection ? Quels sont ses plus grands succès ? ses déceptions ?

Nous sortirons en janvier 2022 notre 200e titre. À trois maisons, nous sortons généralement trois titres par mois, le catalogue grandit donc vite, et la collection se porte bien. Nous avons cependant décidé de changer l’esthétique de nos couvertures, car un « look » cela vieillit et il nous semblait temps de revoir notre image. Les graphistes de nos trois maisons ont travaillé de concert et se sont entendus sur une nouvelle maquette. Nous avons décidé d’attendre janvier 2022, afin de ne pas nous précipiter et de bien travailler / étudier les options que nous proposaient nos différentes équipes graphiques.

Grands succès ? Jean-Philippe Jaworski, Karin Boye, Dan Simmons, Larry Niven, HP Lovecraft, Adrien Tomas.

Pas vraiment de déception, en fait. Plus des erreurs de débutants au démarrage de la collection mais vite corrigées et améliorées. Nous progressons chaque jour et en collectif sur le développement éditorial de Hélios

Est-ce que votre lectorat a une « spécificité » qui se retrouverait dans votre ligne éditoriale ?

Notre lectorat n’a pas vraiment de spécificité. Il est attentif à la mise en avant des talents francophones des littératures de l’imaginaire comme aux titres des grands auteurs étrangers que nous apprécions tant et nous prenons plaisir à de nouveau mettre en avant.

Justement, les questions de la création francophone et de la place des autrices sont des enjeux pour une partie du lectorat. Comment s’inscrit Hélios dans ces questions ?

Nos trois maisons ont toujours été très largement impliquées dans la création francophone, nous sommes tous trois les fers de lance de la création d’imaginaire en langue française, ce « cœur de métier » se retrouve donc dans nos choix pour Hélios, et tout naturellement la place des autrices également.

Le contexte récent, entre pandémie et pénurie de papier a mis les libraires et les livres au cœur des préoccupations d’une partie des Français. Comment Hélios a traversé, ou traverse encore, cette situation ?

Pour le moment, nos approvisionnements en papier pour Hélios n’ont pas été tendus, le papier nécessaire à un poche est d’une fabrication courante et de petit format ; espérons que cela dure.

Quels sont les titres prévus pour cette année 2022 ? Des rééditions, des nouveautés ?

Alors, disons que l’on ne dévoilera que le premier semestre 2022, il faut laisser un peu de surprise pour l’autre moitié de l’année.

En janvier nous republions les 2 titres hélios (Eternity Incorporated et Thinking Eternity) de Raphaël Granier de Cassagnac afin d’accompagner la sortie chez Mnémos en janvier 2022 de Resilient Thinking, le troisième opus indépendant de son grand cycle d’anticipation et de post-apo. Dans le cadre d’une mise en avant « savanturiers » chez les Moutons électriques, rééition d’un classique français, La Cité des Ténèbres de Léon Groc. Nous aurons également la reprise en poche du recueil Nos Futurs avec des scientifiques et des auteurs et autrices, dont deux d’entre eux ont remporté des prix pour leurs nouvelles (Le GPI pour Claude Ecken, le Rosny pour Estelle Faye).

Il y aura en février le beau et émouvant roman de Jacques Martel La Voie Verne, hommage à Jules Verne et anticipation étonnante sur les mondes virtuels. La reprise du Chant des Cavalières de Jeanne Mariem Corrèze, beau succès en grand format. Il y aura également Shining in the Dark, l’anthologie hommage à Stephen King.

En mars, nous republions Bohème de Mathieu Gaborit, le roman fondateur du steampunk français ! Accompagnant la sortie de sa nouveauté grand format, Luchador de l’étrange de Julien Heylbroeck, fun et engagé. Nous avons également prévu le tome 2 de Je suis Providence de S.T.Joshi, la biographie indispensable de Lovecraft.

D’avril à juin, reprise sous le nouveau look de trois excellentes ventes de la collection : La Planète inquiète de Christian Léourier, L’île au trésor de Pierre Pelot et Les Pilleurs d’âmes de Laurent Whale, avec également un recueil de nouvelles de Jeanne-A Debats, Eschatologie du vampire, complétant son cycle Testament (L’Héritière, Alouette et Humain.e.s, trop humain.e.s).

En mai, nous continuons la saga de L’Anneau-Monde de Larry Niven en publiant Le Trône de l’Anneau-Monde, et nous aurons le fabuleux Thomas le Rimeur d’Ellen Kushner (World Fantasy Award).

Et en juin, arrivée de l’une des grandes plumes de la SF francophone Richard Canal avec son dernier roman Upside Down qui avait reçu un très bel accueil lors de sa sortie en 2019.

Merci de s’être prêté au jeu de la mini interview.


Et pour inaugurer ces nouvelles sorties, et le lancement de la nouvelle maquette, j’organise en partenariat avec Hélios un petit concours. Deux livres sont mis en jeu : Le chant des cavalières de Jeanne Mariem Corrèze et La cité des ténèbres de Léon Groc. Pour participer, deux petites choses à faire :

  • répondre à cette question : « Citez une autrice ou un auteur à succès mentionné.e dans l’ITW »
  • retwittez ou partagez cet article (n’oubliez pas de me mentionner pour que je note) en précisant pour quel livre vous jouez

Tirage au sort le 2 février 2022. Je vous contacte ensuite pour organiser l’envoi.

Bonne chance !

15 commentaires sur “Interview : André-François Ruaud et les éditions Hélios

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      1. Merci pour ces annonces prometteuses!
        Parmi les auteurs à succès mentionnés: Ursula K. Le Guin.
        Je retweete de ce pas, en participant pour « La cité des ténèbres » de Léon Groc.

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  1. Merci pour ces annonces prometteuses!
    Parmi les auteurs à succès mentionnés: Ursula K. Le Guin.
    Je retweete de ce pas, en participant pour « La cité des ténèbres » de Léon Groc.

    Aimé par 1 personne

      1. Bonjour Monsieur Loisy, j’ai partagé l’interview (très intéressante, d’ailleurs) sur mon profil FB, essayé de vous taguer, mais le tag disparaît immédiatement. Auriez-vous désactivé cet option? Ou est-ce que vous voyez quand même si vous êtes tagué ou pas?
        Pour les questions: Jean-Philippe Jaworski, et La cité des ténèbres de Léon Groc

        Aimé par 1 personne

  2. Merci pour cette superbe interview ! Et merci à M Ruaud d’avoir répondu aux questions. C’est cool aussi d’avoir les dessous du monde de l’édition !

    Et superbe maquette graphique, je suis séduite !

    Aimé par 1 personne

  3. De belles sorties en perspective!!!
    Une des grandes autrices à succès mentionnées est Ursula K. Le Guin.
    Je vais reposter immédiatement en participant pour « La cité des ténèbres » de Léon Groc

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