Chronique – La couleur du froid, Jean Krug

Jean Krug s’est taillé une place au piolet dans le monde de la SF française, écrivant avec la régularité d’un atome qui se gèle les électrons. La couleur du froid est son troisième texte édité chez Critic, republié ensuite en poche chez Pocket, puis à rejoindre ma bibliothèque. Rien qu’à regarder la couverture évocatrice d’Aurélien Police, la température baisse de plusieurs degrés, toujours utile dans un contexte de réchauffement climatique.

Car La couleur du froid est avant tout une fiction climatique, où l’auteur consolide un peu plus sa signature d’auteur du froid avec un texte qui articule hard SF et aventure, servi par une plume qui titille nos sens. Un conseil : prenez une boisson chaude, un alcool quelconque, voire un alcool chaud.

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Chronique – L’orage qui vient, Louise Mey

La figure du loup-garou est parent pauvre ma bibliothèque. Ce n’est pas pour autant une figure que je mais il est peu présent dans les collections imaginaires qui m’intéressent – je ne lis peu ou pas d’Urban Fantasy et toutes ses déclinaisons. Peut-être moins séduisant ou ambivalent que le Vampire, l’image qui leur colle aux pattes est celle d’une créature qui perd tout contrôle à la pleine lune, primaire, brutale. Mais c’est aussi un être dual, ambigu, toujours sur le fil du rasoir, quasi symbole de la dialectique nature/culture.

C’est cette direction qu’a explorée Louise Mey dans L’orage qui vient, texte hybride entre post-apo et fantasy, qui articule féminisme et respect de l’environnement à travers la figure de Mila, jeune louve-garou. Un texte court mais percutant, que j’ai beaucoup aimé.

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Chronique – Après nous les oiseaux, Rakel Haslund

Je ne sais pas s’il s’agit du contexte général et particulier, ou un biais de loupe de ma part, mais j’ai l’impression que le post apo – genre qui raconte la fin du monde, pendant ou après – est à la mode chez les éditeurs d’imaginaire. Le tag « postapo » sur le blog donne d’ailleurs de nombreuses occurrences, toutes époques d’écriture confondues. Le genre navigue souvent entre descriptions habituelles des causes de l’apocalypse, espoir de survie et l’émergence d’une nouvelle – ou pas – société. Aussi, est-il encore possible d’écrire dans ce genre en le renouvelant, sans tomber dans un nihilisme bas de gamme ou la violence gratuite ?

C’est ce que réussit à faire Rakel Haslund avec son premier roman, Après nous les oiseaux. L’autrice danoise prend le parti d’un court récit minimaliste : en révéler le moins possible, introduire peu d’éléments pour nous faire éprouver une douloureuse solitude.

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Chronique – Terreur, Dan Simmons

Voici un billet publié initialement sur Facebook, en décembre 2019, et que j’exhume dans le cadre d’une semaine consacrée aux mythes froids. Je connaissais alors l’auteur pour son cycle devenu un classique, Hypérion et sa suite, Endymion. Terreur m’avait été conseillé dans le cadre du Cold Winter Challenge. Le résumé m’avait accroché : je l’ai donc acheté et lu immédiatement sans passer par la case PAL. Le bestiau est une brique dépassant les 1000 pages et comme je l’ai lu en 8 jour, on peut en déduire que j’ai aimé. Beaucoup même.

Concernant Simmons, de l’eau a coulé sous les ponts et j’ai découvert ses idées politiques inscrites à l’aide très à droite des Républicains US, au point d’hésiter à republier cette chronique. Pourtant, je n’ai pas perçu d’éléments rhétoriques qui m’auraient dérangé dans ce texte, qui mériterait, de fait, une relecture.

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Chronique – Le régiment monstrueux, Terry Pratchett

L’idée (enrichissante mais folle) de préparer un concours m’a tenu éloigné de la lecture plaisir, et par conséquent du blog, pendant une année. Cette longue privation m’a permis de réaliser, même si je n’en doutais guère, à quel point tout cela était important pour moi, de mesurer la passion en somme. Me voici donc de retour, d’abord à la lecture puis au blog. Aussi, pour cette sortie de torpeur j’avais envie de commencer par une lecture doudou, un coup de cœur.

Il y a deux ans, je chroniquais Ronde de nuit de Sir Pratchett en arrivant à la conclusion qu’il s’agissait désormais de mon tome favori. Il devra désormais se contenter d’une deuxième place, derrière son successeur, Le régiment monstrueux. À nouveau, l’auteur fait le choix d’adapter un élément historique au Disque Monde et de se l’approprier pour passer un message engagé – mais avec subtilité – en revenant toutefois davantage à l’humour. Cette fois, point de révolution : guerre, nationalisme et place de la femme au menu. Une actualité qui ne refroidit jamais.

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Chronique – Symphonie atomique, Etienne Cunge

J’aime la SF car elle est une expérience de pensée, un « et si » qui nous fait rêver ou espérer – parfois – et qui nous met aussi en garde – souvent. Je suis également un anxieux chronique, anxiété alimentée jusqu’à la nausée par l’actualité, qu’elle soit climatique ou géopolitique. Masochiste également puisque le solastalgique que je suis se complait à lire des récits post/pré-apocalyptiques ou dystopiques et que ma profession ne me permet pas de faire l’autruche quant à ce futur joyeux qui attend mes enfants et ceux avec qui je travaille…

Ce petit topo autocentré a pour but de présenter Symphonie Atomique, d’Etienne Cunge, qui anticipe un futur où l’humanité doit affronter l’apocalypse environnementale qu’elle a provoqué et dont l’ego se mesure encore par la capacité à porter le feu nucléaire. C’est aussi un roman construit comme un blockbuster (ne voir ici aucune idée péjorative) d’une grande efficacité, mais qui porte également en germe un soupçon – petit – d’espoir. Un coup de cœur que j’ai détesté adorer.

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Chronique – L’Effet coccinelle, Yann Bécu

J’enfonce des portes ouvertes : le nombre de sorties SFFF est pléthorique. Et encore, je me contente essentiellement des sorties en poche, ce qui réduit drastiquement l’offre. Toujours est-il qu’avec un rythme de lecture d’un livre tous les 5 ou 6 jours, il faut bien choisir… Aussi, quand je trouve l’association science-fiction, one shot, auteur français et quatrième de couverture alléchante, c’est à dire la majorité de mes critères sélectifs, je me lance. D’autant plus que je connais déjà Yann Bécu pour avoir lu et beaucoup aimé Les bras de Morphée lors de sa sortie en poche.

Même si les histoires sont – je continue à enfoncer les portes ouvertes – différentes, j’ai retrouvé d’assez importantes similitudes et qualités : l’auteur a un talent pour démarrer sur une accroche complètement barrée mais qu’il sait mener de manière astucieuse, avec un ton volontiers acerbe, sans oublier de déclarer son amour à la littérature. Coup de cœur !

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Chronique – Galeux, Stephen Graham Jones

Lire exclusivement du format de poche c’est être contraint à l’attente, voire à l’angoisse – hyperbole – que le livre repéré lors de sa sortie en grand format ne soit finalement jamais publié dans sa version miniature. Galeux faisait partie de ces livres, au point où je commençais sérieusement à ne plus attendre. Il faut dire que Steph, qui a le chic pour identifier ce qui peut me plaire, me l’avait bien vendu. Finalement, c’est dans un Bifrost que j’ai vu l’annonce tant attendue : l’édition poche, chez Pocket, avec en prime une couverture superbe, qui saisit parfaitement l’ambiance du récit.

Marraine avait raison, c’est un roman que j’ai trouvé excellent. Stephen Graham Jones arrive à rendre réaliste, presque crédible, le mythe du garou. Il ne s’agit néanmoins pas d’un récit d’horreur, ou alors juste un peu, mais plutôt d’une plongée dans les Etats-Unis des marges. Le récit se dévore – désolé – grâce à la maitrise et à la plume astucieuse de l’auteur.

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Chronique – Le Prophète et le Vizir, Ada et Yves Rémy

J’avais repéré Le Prophète et le Vizir dans le programme des sorties Pocket mais, dans un désir de contrôler ma PAL de plus en plus Pisane, je l’avais classé dans la catégorie « wish list ». Le destin – compte tenu du thème, j’ose l’hyperbole – en a décidé autrement, puisque la maison d’édition me l’a envoyé comme service presse. Désireux de lire quelque chose de court et de lire une nouveauté dans un délai raisonnable, je l’ai lu, dévoré, dans la foulée.

En toute honnêteté, le nom du couple ne me disait rien (Yves Rémy est malheureusement décédé cette année) mais la petite phrase de Pierre-Paul Durastanti sur la quatrième de couverture est pour moi gage de qualité. Et je suis d’accord avec son avis. Le prophète et le vizir est un livre qui mêle avec une extraordinaire habileté histoire et conte orientaux autour du thème du destin – et en fait donc ma deuxième critique de cette semaine consacrée à l’imaginaire religieux -, le tout servi par une écriture remarquable.

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Chronique – Étrangers, Gardner Dozois

Après vous avoir parlé de la novella Le fini des mers en début de semaine, j’évoque ici l’autre texte que Gardner Dozois a écrit en solo, sensiblement plus long mais tout de même assez court, surtout au regard des écrits plus récents. Ce titre est pour moi l’occasion de saluer franchement l’audace des éditeurs de l’imaginaire et surtout le rôle des directrices et directeurs de collection. En proposant Étrangers au catalogue Pocket, Charlotte Volper fait preuve de la qualité fondamentale nécessaire à sa profession : le respect, ici vis à vis des lecteurs.

En effet, même si vendre un titre est toujours l’objectif, l’édition d’Étrangers me paraît surtout correspondre à la volonté de proposer un texte ardu et singulier mais aussi majeur pour le genre de la Science-Fiction. Car Gardner Dozois, pour son seul roman « long », propose un planet opera qui n’a pas pris une ride, avec l’altérité et l’amour comme thèmes centraux.

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