L’arrivée d’une nouvelle collection poche imaginaire est toujours un petit ravissement pour moi : j’aime que mon format favori se démocratise davantage, et comme je ne suis pas à une contradiction près, j’apprécie avoir plus de choix quant à la verticalisation de ma PAL. Prenant mon plus beau clavier, j’ai contacté les éditions Leha, puisque c’est d’elles dont il s’agit ; en voici l’interview :

Bonjour ! Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour et merci de vous intéresser aux Editions Leha. Nous sommes une jeune maison d’édition dédiée à la littérature imaginaire lancée en 2017. J’en suis le fondateur et éditeur. Côté parcours, j’ai grandi dans le Sud, principalement à Marseille avant de « monter » à Paris après mes études pour le travail. J’y ai passé 25 ans avant de redescendre à Marseille en 2018… Sur le plan professionnel, j’ai été journaliste dans la presse écrite pendant une dizaine d’année avant de créer une agence de communication puis les Editions Leha.
De même, pouvez-vous nous présenter les éditions Leha pour celles et ceux qui ne connaitraient pas ? Qu’est-ce qui différencie votre maison d’édition ?
L’idée fondatrice de Leha part d’un constat que j’ai fait il y a une dizaine d’années en discutant avec des amis du milieu : les geeks, qu’on moquait gentiment dans les années 1980, l’ont emporté et on consomme désormais de la Fantasy et de la SF à toutes les sauces. Pour autant la littérature « de genre », comme on dit, demeure assez peu estimée. Pourtant, elle est comme la « blanche » : elle propose de bons et de mauvais livres, il n’y a pas un genre qui serait bon et l’autre mauvais intrinsèquement, je dénonce ce snobisme germanopratin. C’est la littérature du pas de côté par excellence, qui permet d’explorer les ressorts de l’âme humaine et le fonctionnement de nos sociétés comme n’importe quel roman, mais dans des univers différents, qui demande de fait un effort de lâcher-prise pas forcément facile. C’est une littérature que j’ai toujours aimée, complémentaire à celle des grands auteurs classiques que j’ai toujours adoré au même titre. Je me suis dit que pour défendre et aider à populariser cette littérature, il pourrait être utile d’entrer dans l’arène en créant une maison d’édition. Et nous voilà donc ! Dès le départ, j’ai également défini Leha comme un lieu de convergence possible entre littérature imaginaire et jeux de rôle, nombre de plus grands auteurs de Fantasy et de SF étant des rôlistes… Nous proposons donc des romans et des jeux de rôles dans notre catalogue, parfois ces univers se recoupent mais au cas par cas et sans que cela soit systématique.
Ce qui distingue encore Leha, c’est un amour revendiqué pour la Fantasy « classique » (la grande et belle Fantasy qui sait allier divertissement et sujets de fond de notre société, qui ne vogue pas sur les effets de mode – suivez mon regard…) ainsi qu’une propension à se lancer dans des aventures un peu folles. Comme par exemple la traduction du Livre des Martyrs de Steven Erikson, une série monumentale de Fantasy en 10 tomes, réputée maudite en France, et que nous avons menée à bien en 5 ans, ou encore des tournées de plusieurs semaines façon rock-stars avec des auteurs internationaux. Bref quand c’est un peu fou, ça risque bien d’être nous…
Entre les prix du papier et un marché déjà dense, lancer une collection poche peut paraitre risqué. Quelles sont les raisons de cette initiative, et pourquoi en ce moment ?
Ah tiens, en parlant de folie justement… A vrai dire, sincèrement, c’est l’édition tout entière qui est un univers extrêmement risqué. Paradoxalement, en lançant notre collection poche, je pense que nous allons nous « dérisquer » du marché qui est le nôtre actuellement, pour une multitude de raisons. C’est un projet que je mûris depuis le lancement de Leha et qui n’avait pas trouvé un écho favorable chez notre ancien distributeur (pour de mauvaises raisons je pense) mais qui a enthousiasmé notre nouveau partenaire CDE / Sodis (groupe Gallimard) que nous avons rejoint au 1er janvier 2023. Fondamentalement, ce choix vient de la volonté de conserver la main sur nos parutions, leur rythme de publication, le choix des titres etc… Je souhaite aussi assurer notre cohérence éditoriale et amener vers notre maison des lectrices et des lecteurs qui vont nous découvrir via le poche, que ce soit pour une question de budget ou parce que le décorum entourant le grand format peut en retenir certains.
Le moment choisi est lié à notre historique : nous arrivons à un stade où notre fonds littéraire commence à être conséquent avec quelques séries qui ont connu un gros succès en grand format et dont nous avons conservé les droits malgré les nombreuses sollicitations de la part des acteurs du poche. Il est temps de les proposer à un public plus large tout en bénéficiant nous-mêmes pleinement de tout le travail accompli pour faire découvrir ces œuvres au public francophone.
Votre collection poche a une identité graphique forte, avec un jaune qui tranche (admirons le jeu de mot) avec les bleus et gris qui ont longtemps été un marqueur de l’imaginaire poche. Comment avez-vous fait votre choix ?
Pour comprendre ces choix, il faut revenir aux raisons de la création de notre collection poche : viser un public plus large, donner des gages de ce que la lectrice ou le lecteur vont découvrir, tout en se distinguant du déjà-vu. Allier classique et moderne, tout un programme. L’idée fondamentale était de mettre les autrices et auteurs ainsi que le titre des œuvres au cœur de la charte, tout en donnant une idée du contenu du livre (sans pour autant avoir une grosse illustration comme on les aime dans nos littératures), et esthétiquement quelque chose de chaleureux et identifiable.
Elle s’appellera Majik. Est-ce une collection consacrée uniquement à la Fantasy ou à l’imaginaire en général ?
Nous faisons beaucoup de Fantasy en effet mais pas que ; nous sommes ouverts aux autres genres de l’imaginaire (SF, Fantastique), ce qui se reflétera dans la collection. Alors pourquoi Majik ? Pour deux raisons à vrai dire : la première, vous avez raison, est liée à la prépondérance de la Fantasy – et en particulier la Fantasy Classique – dans notre ligne éditoriale, et, qui dit Fantasy, dit magie ! Au-delà de cet aspect, je souhaite célébrer ce que j’appelle « la magie de la lecture ». Cette évasion dans d’autres mondes que nous procure un livre, ces rêves éveillés, c’est un moment vraiment spécial, précieux… magique !
D’ailleurs, quels seront les premiers titres disponibles ? Et pour les mois suivants ?
Comme évoqué précédemment, je souhaite créer avec Majik une collection qui propose tous types d’autrices et d’auteurs maison ou en provenance d’autres catalogues, de nos « best » anglo-saxons traduits en 20 langues jusqu’à de jeunes auteurs français talentueux et qu’il est important pour nous de promouvoir. Comme souvent chez Leha, il y aura une grosse part de Fantasy dans le catalogue mais pas que. Concrètement, le lancement se fait avec des titres tels que Malice de John Gwynne (premier tome de la tétralogie Le Livre des Terres Bannies), Three Dark Crowns de Kendare Blake (également un premier tome de sa tétralogie éponyme), La Promesse du Sang de Brian McClellan (premier tome de La Trilogie des Poudremages), Inkarmations de Pierre Bordage et Cathédrale de Hermine Lefebvre. Trois auteurs internationaux de premier ordre (primés et traduits entre 15 et 20 langues), un des plus grands auteurs français d’imaginaire et une jeune autrice française très talentueuse : que du beau monde ! Suivront mi-mai deux romans de Fantasy d’auteurs français : La Complainte de Foranza de Sara Doke et Le Livre des Purs (en intégrale regroupant les deux tomes du grand format) d’Olivier Martinelli. Et l’automne prochain s’annonce… festif !
Enfin, votre ME est traditionnellement liée au jeu de rôle, par ses ouvrages et ses auteurs. Est-ce que Majik intégrera cette dimension ? Pourrait-on même rêver de Livres dont vous êtes le héros ?
Ah ! Que voilà une question intéressante… Alors si on parle de la présence d’autrices et auteurs de jeux de rôle dans la collection, la réponse est oui comme pour tout ce que nous entreprenons, dans cette logique d’interpénétration des media et des univers quand cela a du sens. En revanche, intégrer du jdr en format poche risque de s’avérer plus compliqué, ne serait-ce que pour une question de lisibilité et de positionnement de la collection. En revanche pour des livres-jeux comme celui que vous évoquez, hmmmm, c’est très tentant et pour tout dire, c’est dans un de nos cartons du projet de lancement initial… enfoui sous des tonnes d’autres cartons accumulés depuis ! C’est vrai que nous avons des auteurs très talentueux qui pourraient s’y plonger, y compris dans nos univers de roman. Le résultat pourrait être assez incroyable ! Alors merci de raviver cette envie, car ça titille vraiment, et pas merci en même temps car le temps nous manque déjà tellement…
Merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Avec plaisir. Et plein de belles lectures à toutes et à tous !
Ne nous quittez pas car je profite de cette interview, avec la gentille participation des éditions Leha, pour vous faire gagner un roman de la nouvelle collection Majik. Pour ce concours, deux choses à faire :
1) partager cette interview (pensez à me taguer – X : @LoisyJean, BlueSky : @mondesdepoche.bsky.social, Instagram : mondesdepoche, Facebook : Jean-Yves Loisy-Saurel )
2) répondre à la question suivante : nommez le roman, parmi les cinq de la collection Majik, que vous aimeriez gagner. Vous pouvez également laisser un commentaire sur le blog (c’est plus sûr et surtout sympa)
Date limite de participation : samedi 30 mars. Annonce du résultat : lundi 1er avril (oui oui). Tentez votre chance !

Merci pour cette interview, j’ai une prédilection pour la Fantasy classique alors je surveille cette Me de près^^
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Je vais suivre aussi, même si pour l’instant j’essaie d’éviter de commencer de nouvelles sagas 😅
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Rien que pour la publication française du Livre des Martyrs, je ne peux que les suivre ! ^^ Quasiment tous leurs livres sont dans ma wishlist, mais le temps, l’argent, toussa…
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Je compatis 😁
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merci pour ce concours je participe pour Three dark crowns 🙂
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C’est noté ☺️
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C’est intéressant de lire une interview d’une maison d’édition. Merci Jean-Yves !!
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Oui j’aime bien l’exercice, et je suis toujours surpris d’avoir des réponses positives 😅
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Merci pour l’itw et pour le concours ! Je tente ma chance pour le premier tome des Poudremages 🙂
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Merci pour ce concours et pour cette chouette interview ! Malice me tente particulièrement 😄
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