Après ma liste des 10 romans incontournables écrits par des autrices en lien avec le #incontournablesSFFF du blog Nervertwhere, j’en profite pour remettre en lumière des livres que j’ai beaucoup aimé avant la mise en ligne de Mondes de poche. Je ressuscite ici une chronique publiée initialement en août 2020, sur le groupe Facebook des Mordus de SFFF, et je me dis que j’aimerais bien que l’autrice écrive davantage de l’imaginaire pour adultes…
C’est un livre que j’ai vu passer plusieurs fois sur le Facebook et dont le résumé m’a titillé. Ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. Là où je pensais trouver de la Fantasy un peu burlesque, itération française de Pratchett, j’ai trouvé un roman s’appuyant plutôt sur du post-apo’, assez sérieux – mais on sourit quand même – avec un vrai message. Passé cette surprise et un début un peu déroutant, j’ai complètement adhéré.
Le livre nous conte donc l’histoire d’Arsouille, troll âgé et correspondant en tout point au stéréotype de son espèce : stupide, brutal, misogyne… Il est donc à l’image de la société ou les trolls se déplacent en meutes, toujours prompts à agresser les autres pour assurer leur autorité et protéger leur territoire. Mais les trolls sont contrôlés par les ogres, tout aussi brutaux, mais organisés et froids, implacables. Ils occupent les fonctions de police, d’administration… L’école est un des lieux où l’auteure enracine sa description, en décrivant la violence et la répression qui en sont le cœur.
Mais notre « héros », très antipathique au début, reçoit une lettre de son frère, qui lui est un ogre. Là, la curiosité du lecteur commence à prendre le dessus : comment un troll peut-il avoir un ogre pour frère, alors que les créatures sont si dissemblables, physiquement, intellectuellement et émotionnellement, formant des races à part. Race. Le mot est lancé. Pour revoir son frère, Arsouille va devoir apprendre, trouver de l’aider – et non dominer – puis voyager. La plume de l’auteure évolue alors, les descriptions et les dialogues sont plus poussés, moins rugueux, et participent à l’attrait du lecteur. Marie-Catherine Daniel joue avec les codes de la Fantasy pour mieux les briser. Elle rompt avec l’essentialisme raciste que le genre a digéré, où un Troll, un Ogre (ou un Orque, je dis ça je dis rien…) seraient mauvais par essence, pour montrer que la famille, l’amour, l’éducation, le voyage, la science… ont des vertus émancipatrices. Un livre qui est donc bien plus que ce que je pensais, et que j’ai d’autant plus aimé, la surprise aidant. Il répond à sa question : « mais qu’y a-t-il entre Troll et Ogre » ?
Vous aimerez si vous cherchez quelque chose qui va bien au-delà des clichés du genre et dont le fond et la forme servent le propos.
Les +
- La couverture
- Le titre
- La plume
- L’intelligence du propos
Les –
- Déroutant au début
Résumé éditeur
Arsouille est un vieux troll désabusé et perclus d’arthrite. Plus grand-chose ne l’inquiète, à part bien sûr les ogres, la guerre et son petit-fils qui doit entrer au collège…
Mais un soir, Arsouille reçoit une lettre pleine de regrets de son jumeau qu’il n’a pas vu depuis cinquante ans. La surprise est totale : son frère est un ogre et les ogres n’écrivent pas aux trolls. D’ailleurs, les ogres ne font pas dans le sentiment, pas même avant de vous arracher la tête. Alors qui a écrit cette lettre ? Arsouille qui ne sait pas déchiffrer une carte va devoir se rendre sur le front pour le découvrir…
Entre Troll et Ogre de Marie-Catherine Deniel, couverture de Ronan Toulhoat, aux éditions Helios (2020, première édition française chez ActuSF en 2018), 280 pages.

Les détails se sont estompés de ma mémoire mais j’en garde une bonne impression !
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Oh je l’avais tellement adoré aussi ! J’en avais publié une chronique sur un ancien blog, et sur le nouveau j’essaie d’en parler autant que je peux pour lui donner un maximum de visibilité. C’est vraiment un roman qui m’a marquée, avec une profondeur dans le propos, une vraie originalité et une très chouette réflexion sur les notions de race et d’humanité…
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Oui je suis entièrement d’accord. Il y a des livres comme ça qui n’ont pas la notoriété qu’ils méritent…
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