Je termine la semaine consacrée à Laurent Genefort, avec Lum’en pour conclure. Sorti initialement en 2015, et donc plutôt récemment au regard de longévité de l’auteur (ce dernier posait d’ailleurs cet enjeu avec humour en interview), il est auréolé des prix Julia Verlanger, Rosny aîné et Grand prix de l’Imaginaire. Situé aussi dans la Panstructure, l’univers de l’auteur, il me parait être une bonne préquelle, ou suite selon votre ordre de lecture, à Colonies. Cette chronique a été publiée initialement sur Facebook, en décembre 2020.
L’ouvrage raconte l’histoire de la colonisation de la planète Garance par l’humanité. Une « mise en garde » s’impose donc : il ne s’agit pas d’un roman mais d’une succession de nouvelles, étroitement liées entre elles. Cela permet à l’auteur de se concentrer sur le vrai personnage principal, la planète, et de brosser une fresque chronologique. Fin connaisseur du genre SF, il s’inscrit dans les pas des grands auteurs « traditionnels » qui approfondissent un cadre ou un concept par de nombreux récits, en y intégrant de nombreux éléments megatextuels [je me rends que j’abuse de ce terme, mais il est tellement adapté à cet auteur…]. La lecture terminée, cette union du fond et de la forme paraissait inévitable pour ce joli planet opera, à la fois moderne et intemporel.
C’est toujours difficile de faire un retour sur des nouvelles, fussent-elles aussi cohérentes que celles-ci. Selon les goûts et les affinités, on y trouve forcément des textes qui vont davantage nous convaincre. La question de la religion est par exemple abordée au début, puis l’adaptation des colons à un nouvel environnement, le point de vue des indigènes (ici les Pilas), les conflits, l’échec… Le fil conducteur est une critique acerbe de la colonisation : la capacité de prédation de l’humain notamment pour des motifs économiques, de juger avec ses valeurs sans les remettre en cause, se sentir supérieur… Il y a bien quelques lueurs d’espoir, comme la capacité à s’intéresser à ce qui est différent, l’empathie, étudier, collaborer mais l’ensemble reste tout de même une forme de mise en garde : la répétition possible des erreurs du passé. Des prix mérités.
Vous aimerez si vous aimez le planet opera qui questionne, la SF dont l’objectif est d’aller un peu loin que le simple enchainement de péripéties et de combats.
Les +
- traiter un tel sujet de manière efficace, sans faire 12 tomes… dans ses aspects politiques, économiques, anthropologiques…
- les pilas
- la qualité de l’écriture
Les –
- des parties qui peuvent être moins percutantes
- parfois un peu de déjà vu
Résumé éditeur
» La vie intelligente sur Garance apparut cent mille ans avant que la planète ne porte ce nom. Cette vie-là n’était pas humaine, ni même organique. Lum’en était unique en son genre… »
Imaginez une étoile avoisinant sept dixièmes de masse solaire… Le système de Grnc.mld1 compte six planètes : cinq telluriques et une gazeuse. Garance est la seule qui évolue dans la zone d’habitabilité. Une planète comme tant d’autres ? Seulement en apparence.
Lum’en, c’est l’histoire de pionniers lancés à la conquête d’un monde qui, au fil des générations, vont écrire la plus exceptionnelle des aventures, la plus terrible aussi, celle de l’ancrage, puis du déclin inéluctable d’une colonie dans les confins.
Lum’en de Laurent Genefort, illustration de couverture d’Alain Brion, aux éditions Le livre de poche (première édition en 2015, Le Belial, présente édition de 2016), 384 pages.
Prix Julia Verlanger 2015, Prix Rosny aîné 2016, Grand prix de l’imaginaire 2016.

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