Futu.re de Dmitry Glukhovksy
Après Days, pour cette semaine dystopie, je ressuscite une chronique publiée en août 2020 sur Facebook, où je parle de Futu.re, dont l’auteur est davantage connu pour Metro2033 et ses suites. Là ou Days joue sur l’ironie, l’exagération et la parodie, Futu.re est très (trop ?) sérieux et m’a mis mal à l’aise plus d’une fois… Au delà de la forme, le fond est également différent puisque thème traité est celui de l’immortalité et du contrôle des naissances qui en résulte.
l s’agissait de ma deuxième tentative de lire ce bouquin. Un challenge (lire un auteur étranger non anglo-saxon) avait été l’occasion de le remettre sur la PAL. Il m’a fallu trois bonnes semaines pour en venir à bout ; même si j’ai bien aimé le livre, je pense qu’indigeste est aussi un bon qualificatif.
C’est un livre qui appartient au genre de la dystopie, c’est à dire une vision du futur où un système totalitaire s’est mis en place, souvent en raison d’une révolution scientifique, mais où les habitants ne sont pas nécessairement conscients de leur privation de liberté. Dans ce cas, la révolution scientifique est un thème déjà connu : l’immortalité (cf. Herbert, Barjavel…). Tout le monde y a accès et la population mondiale se chiffre donc en centaines de milliards, s’entasse dans de gigantesques gigapoles, prélevant les ressources terrestres au delà des limites soutenables. Le « héros » appartient à la Phalange, une organisation gouvernementale qui traque et sanctionne certains criminels. Dans ce contexte, le crime capital est de se reproduire. La sanction est la vieillesse : quand un couple a un enfant, il doit choisir lequel des deux va vieillir pour conserver ce précaire équilibre démographique et l’enfant leur est retiré.
L’auteur nous décrit, à travers les yeux de son personnage, cette société et les changements qu’elle induit. Le thème de la famille est central : le rapport aux parents, aux enfants, à l’amour, à la mort… Par exemple, les enfants et les cadavres sont considérés comme répugnants par la majeure partie de la population. Le discours est sans filtre et parfois choquant : notre héros est un bon petit soldat endoctriné. Son conditionnement est d’ailleurs une part importante du récit car une partie des chapitres sont dédiés à son « éducation » où l’on découvre le sort réservé à ces enfants, considérés dès leur naissance comme arme et produit d’un crime. Cette société est également questionnée par la politique – un existe un « parti de la vie » – et la géopolitique – tous les continents n’ont pas fait le même choix vis-à-vis de l’immortalité.
Dans l’ensemble c’est un livre dur et crédible qui permet de se questionner sur quelque chose qui nous parait terriblement normal et quotidien : la famille. Cela reste toutefois difficile à lire : épais, violent (dans tous les sens du terme) et parfois un peu répétitif. A plusieurs reprises j’ai pensé « c’est bon j’aime compris, avance ton récit… »
Vous aimerez si vous aimez les dystopies sans concession, les livres qui vous remuent.
Les +
- Une dystopie crédible dans sa construction
- Pousse à réfléchir
- Une fin intéressante
Les –
- 20% trop gros
- Une intrigue trop en retrait
- Parfois complaisant
Résumé éditeur
L’humanité sait désormais stopper le processus de vieillissement et jouit ainsi d’une forme d’immortalité. L’Europe, devenue une gigapole hérissée de gratte-ciel où s’entasse l’ensemble de la population, fait figure d’utopie car la vie y est sacrée et la politique de contrôle démographique raisonnée grâce à la loi du Choix. Tout couple qui souhaite avoir un enfant doit déclarer la grossesse à l’État et désigner le parent qui devra accepter l’injection d’un accélérateur métabolique, lequel provoquera son décès à plus ou moins brève échéance. Une mort pour une vie, c’est le prix de l’État-providence européen. Matricule 717 est un membre de la Phalange qui débusque les contrevenants. Un jour, un sénateur lui propose un travail en sous-main : éliminer un activiste du parti de la Vie, farouche opposant à la loi du Choix et au parti de l’Immortalité, qui menace de briser un statu quo séculaire.
Futu.re de Dmitry Glukhovsky, traduction de Denis E. Savine, Couverture de Leraf, aux éditions Livre de poche (parution vo en 2013, première édition française en 2015 à l’Atalante, présente édition de 2019), 960 pages.

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