Chronique – Nous sommes légion (Nous sommes Bob 1), Denis E. Taylor

Pour cette semaine, après Libration, je reste dans le genre Space Opera et le thème des IA. Et si ce dernier est un texte sérieux, voire triste, l’autre cycle que j’ai choisi l’est largement moins – sérieux et triste, suivez !

A cette occasion, je sors des archives une chronique Facebook rédigée en octobre 2021 et portant sur le premier tome du Cycle Nous sommes Bob, Nous sommes légion de Denis E. Taylor. Ici Bob n’est pas tout à fait une IA, mais une intelligence humaine implémentée – copiée ? – dans une machine. Le traitement est différent mais certaines interrogations me paraissent comparables.

A noter que les trois premiers ont été traduits, et que l’auteur a su ajouter une véritable intrigue au fil des tomes, qui perdent du coup – et heureusement peut-être – en humour. D’autres ont suivi en VO mais l’éditeur français d’origine, Bragelonne, a arrêté l’investissement, préférant plutôt sortir une 17e édition collector de Légende. Ou une 18e. Ou le Sorceleur.

L’auteur nous raconte donc les aventure de Bob, jeune membre représentatif de la geek-start-up nation en vogue dans la Silicon Valley qui décide de signer un contrat pour faire cryogéniser son cerveau s’il lui arrive un incident fâcheux. Bien lui en prend, l’incident fâcheux arrive, et il se réveille donc beaucoup plus tard mais sous la forme d’une IA. Le livre prend donc appui sur les thèses trans-humanistes héritées du Cyberpunk, à savoir que le cerveau de l’Homme peut être codé et donc reproduit dans un ordinateur, avec tout ce que ça implique : possibilité de sauvegardes, de duplication, d’interface avec la machine… L’auteur s’éloigne par contre du genre : ici point de polar sombre mais quelque chose de rapprochant davantage du Space opéra, façon Star Trek, et mâtiné d’une pointe de Hard SF. En effet, le rôle de Bob l’IA va être de piloter un vaisseau, capable de se reproduire, dont la mission est l’explorer l’espace pour chercher des planètes habitables pour l’Homme. C’est un donc un livre de SF au sens premier du terme : l’auteur part d’innovations techniques, de problématiques contemporaines et tisse le récit qui va avec.

Quant à la forme, le récit est à la première personne. Cela permet de s’identifier au personnage mais aussi de partager son introspection et son questionnement. Fatalement, il se demande s’il est encore humain ou quel est le statut des copies de lui-même, entre autres questions. Nous apprenons en même temps que Bob, les Bob en fait (cf. titre du bouquin) et de leurs explorations. C’est assez intéressant car chaque Bob se spécialise, ce qui permet à l’auteur de traiter des thématiques différentes, qui sont autant de clin d’œils à des courants ou ouvrages de la SF, et qui aboutit à un discours assez meta. Un petit pied de nez aux habitudes en passant : là où les livres de SF sont souvent des « romans chorale » et donc à récits convergents, Nous sommes légion est divergent, au fur et à mesure de l’apparition de nouveaux Bob. Enfin, l’auteur fait le choix de l’humour. Cela permet de dédramatiser un peu les enjeux – car quand on y réfléchit ça n’est pas tout rose – et de créer une connivence avec le lecteur, tout en renforçant ce côté meta ainsi que la mise en abyme (un personnage de SF fan de SF pour un lecteur de SF…). Une belle réussite pour moi.

Vous aimerez si vous aimez la SF au sens premier du terme, les thématiques d’exploration et du transhumanisme le tout servi sur un ton léger.

Les +

  • un personnage principal attachant
  • sérieux sans se prendre au sérieux
  • la coloration geek

Les –

  • la coloration geek (qui peut exclure le lecteur s’il ne partage pas certaines références)

Résumé éditeur

Bob Johansson vient de vendre sa start-up et va pouvoir profiter de la vie. Tant de lieux à visiter, de livres à lire et de films à voir ! Pas de bol, il se fait écraser en traversant la rue. Lorsqu’il revient à lui, un siècle plus tard, c’est pour découvrir qu’il appartient désormais au gouvernement. Téléchargé dans un ordinateur, il est pressenti pour devenir une IA capable de se répliquer à volonté, aux commandes d’une sonde interstellaire destinée à la recherche de planètes habitables. Les enjeux sont considérables. S’il refuse cette mission, on l’éteindra et un autre prendra sa place. S’il accepte, il devient une cible de choix. Au moins trois autres puissances se verraient bien envoyer leur sonde en premier, et tous les coups sont permis.

Pour Bob, l’endroit le plus sûr, c’est dans l’espace, le plus loin possible de la Terre. C’est du moins ce qu’il croit…

Nous sommes légion de Dennis E. Taylor, traduction de Sébastien Baert, aux éditions Livre de poche (2020, première parution VF 2018 aux éditions Bragelonne, parution VO en 2016), 504 pages.

Un commentaire sur “Chronique – Nous sommes légion (Nous sommes Bob 1), Denis E. Taylor

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  1. Fan de space opera, de transhumanisme, de star trek, forcément ce titre m’attire beaucoup même si ça m’embête de ne pas avoir tous les tomes… ah ces magnifiques réédition de Légende et Sorcelleur 😂

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