Je confesse lire des mangas essentiellement pour me distraire, avec donc une attirance, un brin nostalgique, pour les shonen. Il faut tout de même murir un peu, d’autant plus que les éditeurs ne sont pas avares en sorties de seinen. En fouillant du côté des nouveautés, je suis donc tombé sur Breakdown, dont la couverture et la notoriété de l’auteur (connu notamment – mais pas par moi – pour Golgo13) m’ont convaincu de me lancer.
Même si le titre commence à accuser son âge, quasiment 30 ans, Breakdown est un manga qui raconte le déroulement de l’apocalypse, quasiment heure par heure, de manière très efficace, tout en jouant avec les codes du genre. En filigrane, l’auteur y dénonce l’arrogance de l’humanité… ce qui n’a guère changé finalement.
L’astéroïde Willbe doit passer à proximité de la Terre et être suffisamment visible pour intéresser scientifiques, astronomes amateurs et quelques reporters. Otomo, le premier personnage principal, est journaliste spécialisé dans les reportages liés à la nature et a lui-même une sincère fibre environnementale. Appelé par un ami astronome, il se rend dans un observatoire pour scruter Willbe et voir si rien ne cloche – en fait si, sinon son ami ne l’aurait pas appelé. Flairant le scoop et les yens sonnants et trébuchants, son boss Utsumi lui impose sa compagnie. Je ne vous révèle pas les détails mais cette mise en situation permet de vivre cette apocalypse quasiment en temps réel, de l’observation apparemment anodine du corps céleste, à sa chute, tout en expliquant avec ingéniosité pourquoi Otomo et Utsumi seront parmi les seuls survivants. Tout ceci s’enchaine de manière fluide et Breakdowm est très rythmé ; on pourrait presque s’amuser à faire un calcul où X pages vaudraient Y heures.

Le récit est très classique, et encore plus quand on a l’habitude des récits post-apo. La chute de la météorite est un incontournable de ce genre de la SF depuis la fin des années 90’s, peu ou prou au moment où c’est cette cause qui est retenue par la communauté scientifique pour l’extinction des dinosaures. L’intérêt de ce choix est de mettre en scène une fin du monde brutale, où personne n’est préparé. La survie quotidienne devient immédiatement difficile, basée en grande partie sur les ressources disponibles sous la main, par chance souvent : nourriture, eau et antibiotiques deviennent encore plus vitaux. Dans ce premier tome, cet enjeu représente l’essentiel du récit, ainsi que la prise de conscience de l’ampleur de la destruction ; Takao Saitô nous propose des planches essentiellement rurales, après une introduction très urbaine. Le manga est donc à très grande échelle – rappel prof : plus l’échelle est petite, plus le phénomène observé est grand, et réciproquement -, centré sur la survie de nos deux protagonistes. Il faut véritablement attendre la fin de ce premier volume pour mesurer les impacts et rencontrer d’autres survivants.

Le propos de l’auteur fonctionne par dichotomie. Il y a d’un côté la nature et de l’autre l’Homme qui croit la dominer. La météorite est un processus naturel mais l’Homme, dans son hubris, se sent autorisé à jouer aux apprentis sorciers, alors que les animaux, eux, pressentent la catastrophe. Le dessin de la couverture représente parfaitement cette opposition avec l’ordinateur, artefact indispensable et obsolète dans ce contexte, et le corbeau, lui-même hautement symbolique. Encore plus, ces deux univers s’incarnent dans nos deux protagonistes, entre un Otomo proche de la nature, y compris au péril de sa carrière, et donc homme simple et bon sens, et Utsumi, magnat avide et égoïste, qui nie avec aplomb la réalité quand elle ne lui convient pas – il ferait un bon président des Etats-Unis. Les deux personnages sont particulièrement caricaturaux, ce qui est d’ailleurs renforcé par un trait assez old school, et si on peut trouver ça horripilant, j’y vois une volonté de l’auteur de donner à son œuvre une portée allégorique. Comme toujours avec ce genre de récit, on a envie de savoir comment les choses vont évoluer, à la fois les conséquences globales de l’impact, mais surtout la relation entre Otomo et Utsumi. J’avoue espérer que ce dernier décède. Lentement. Lecture du tome 2 prévue, la série en comptant 5.
Breakdown est une réécriture classique, d’un genre qui l’est tout autant. Néanmoins, l’idée de confronter deux mondes et deux personnages en fait un récit intéressant à suivre.
Résumé éditeur
L’astéroïde Wilby est de ces objets célestes présentant un danger mortel de collision avec la terre ! L’interception à l’aide de missiles échoue, et l’astéroïde tombe dans l’océan Pacifique, déclenchant une catastrophe naturelle d’ampleur mondiale ! Misato Otomo, qui enquêtait pour le service des infos de la chaîne de télévision, survit par miracle au cataclysme, mais pour découvrir un Japon dévasté, revenu à l’âge de pierre. Il devra surmonter la peste, les animaux redevenus sauvages, une pénurie alimentaire extrême… et une humanité rendue à ses origines barbares.
Breakdown Tome 1 de Takao Saitô, traduit par Satoko Fujimoto, aux éditions Vega Dupuis (2024, VO de 1996), 352 pages.

Si tu poursuis je serais curieuse d’avoir ton avis car si je suis tentée de base, les dessins me refroidussent pas mal et j’ai peur que ce cool au début pour devenir bof ensuite, ayant vu des lecteurs un peu déçus de la suite …
En tout cas, ça fait plaisir de voir des mangas chroniqués chez toi, même si celui-ci n’est clairement pas un poche 😉
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Je vais essayer de reprendre le rythme d’un manga mensuel, le premier mercredi du mois. J’ai déjà trouvé pour juillet 😉
J’ai commandé le deuxième tome, je verrai si je fais un retour. Et si, mais une grosse poche 😅
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Super, hâte de croiser nos avis ou de faire des découvertes grâce à toi ❤
Lol bonne lecture alors ^^
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