Reprise de la lecture après ma pause : un tome des Futurs mystères de Paris me paraissait totalement adapté. Du court et du fun donc mais pas neuneu pour autant. Cette fois, il s’agit du deuxième tome, à savoir Les Ravisseurs quantiques (la chronique du premier est toujours accessible ici), totalement indépendant même si le narrateur se remémore quelques éléments de sa précédente enquête. Si celle-ci était un meurtre en chambre close, à l’ambiance relativement légère, il s’agit cette fois d’une affaire de kidnapping sur fond d’uchronie, ou nous en apprenons un petit peu plus sur l’univers inventé par Roland C. Wagner, et plus particulièrement sur la Pyschosphère.
Le héros est toujours Tem, Temple Sacré de l’Aube radieuse de son vrai nom, détective doté de la Transparence, la capacité (involontaire et incontrôlée) de se faire oublier et disparaitre. Cette fois, il doit retrouver une jeune fille disparue, travail à titre gracieux pour effacer une dette contractée lors du premier volet. L’envolée aurait rejointe plus ou moins volontairement une des nombreuses sectes qui pullulent désormais, précisément celle des Copistes, pourtant éloignée des préoccupations et du caractère de la jeune femme. L’enquête commence assez classiquement, par une infiltration grandement aidée par les pouvoirs de notre héros puis tout dégénère : de la prise en tenaille entre une faction de toxicos Résistants et des changeformes communistes, au passage involontaire dans une réalité alternative. Si tout le décor est séduisant, j’ai été déçu par la partie enquête. Tem est complètement dépassé par les évènements, trop de gens semblent capables de le voir et les coïncidences s’enchainent. Gloria, IA quasi omnipotente qu’il a sauvé (cf. 1er tome) est un deus ex machina littéral un peu trop facile. J’ai cette exigence un poil pénible : quand je lis les aventures d’un privé, j’attends une enquête plus construite et j’aime me prêter moi-même au jeu de la résolution de l’intrigue. Ici, je reste clairement sur ma faim.
« La divergence la plus ancienne entre cet univers et le mien était apparemment la décision prise par Staline de dénoncer le pacte germano-soviétique au tout début de la Seconde Guerre mondiale afin de s’emparer de l’Europe orientale. Peu après, l’Armée du peuple, qui voyait se mêler soldats soviétiques et partisans originaires de pays envahis par l’URSS, avait déferlé sur l’Italie puis sur tout l’ouest du continent. Et les nations naguères occupées par les nazis n’avaient pas été moins ferventes à chanter les louanges de leurs « libérateurs ».
Avant de déchanter. »
Dans son chef d’œuvre Rêves de Gloire, l’auteur intègre tous les éléments qu’il semblait apprécier : la question des paradis artificiels, des sectes, la musique et l’uchronie. Les ravisseurs quantiques est un texte plus précoce et surtout plus court, moins dense et solennel. J’aurais donc tendance à la considérer en partie comme un brouillon – ou un test – pour Wagner. L’univers des Futurs mystères de Paris est plutôt lumineux, avec son contexte de quasi disparition des Etats et une humanité plus pacifique, organisée en communautés : une presque utopie. L’uchronie dans laquelle se retrouve projetée Tem est donc son opposée, une dystopie communiste, qui permet de multiplier les ressorts comiques à grands renforts de caricature. La réalité, puis la cause, de cette histoire alternative est un mystère qui s’ajoute au premier : manipulation mentale, bad trip, explication quantique, lien avec la Psychosphère ? Même si ces enjeux dépassent notre bon vieux Tem, expliquant en partie une enquête décousue, j’ai apprécié l’approfondissement de cet univers, et plus particulièrement les actions de Gloria, qui n’étaient qu’à l’état de projet dans le premier tome. Cette dernière est d’ailleurs l’héroïne de la nouvelle additionnelle, Le réveil du parasite, qui fait notamment office de conclusion à l’histoire.
Même si j’ai moins aimé Les ravisseurs quantiques, c’est surtout en raison d’une grande attente et d’un effet de comparaison avec le premier volume. J’ai néanmoins une très grande envie de me plonger dans la suite, pour retrouver Tem, Gloria et cet univers. Je m’attends à une montée en puissance des enjeux.
Vous aimerez si vous aimez les polars et le vert fluo.
Les +
- Ce futur positif
- La secte des copistes
- Le côté anarchiste de l’auteur
Les –
- De nouvelles couvertures qui me parlent moins
- Une enquête encore trop décousue
Les ravisseurs quantiques sur la blogosphère : Les pipelettes sont déçues, Steph cause de tout le cycle.
Résumé éditeur
Mon nom est Temple Sacré de l’Aube Radieuse, mais vous pouvez m’appeler Tem. Pour cent euros par jour plus les frais, vous pouvez aussi louer mes services. Je suis détective privé. Mon atout majeur ? Le Talent de transparence qui me permet de passer inaperçu. Mais qui m’oblige aussi à des efforts vestimentaires pour ne pas passer inaperçu.
Paris, 2063. Paris, 2063. L’homme au chapeau vert fluo enquête sur la disparition d’une jeune fille enrôlée dans la secte des « copistes ». Avec l’aide inestimable de Gloria, l’intelligence artificielle anarchiste, fondatrice du Collectif Louise Michel pour la libération des citoyens virtuels.
Les ravisseurs quantiques de Roland C. Wagner, couverture de Julien Pacaud, aux éditions Atalante poche (première édition en 1996, présente édition de 2022), 208 pages.

Dommage pour l’enquête parce que la capacité du héros n’est pas commune !
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Je ne connais pas l’auteur, mais je suis d’accord avec toi pour la couverture 😖
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Et oui 😭
Un auteur que je recommande, qui a écrit pas mal de romans et de genres différents.
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Moi qui aime bien les jolies couvertures, même en numérique, je vais devoir me forcer ^^
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J’ai le 1er tome qui m’attend sagement ^^
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J’espère que tu vas aimer 🙂
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