Après avoir évoqué la relation IA/Humanité avec Le temps d’un souffle je m’attarde, je reprends une très vieille chronique d’un roman, voire un fix-up, qui traite de la même problématique mais peut-être d’une façon plus ouverte. Je pense qu’il faut que je me décide à lire Blade Runner, qui manque décidemment à ma culture. Rêves de machines était un achat spontané, en tête de gondole du Cultura d’à côté et j’en avais fait le (court) retour en décembre 2019.
Le livre mêle donc cinq récits qui alimentent une réflexion sur ce qu’est l’humanité, et notamment ce qui fonde son intelligence, voire son esprit. Est-ce que ce sont les émotions ? Les souvenirs ? Chaque histoire de ce roman choral ajoute une pierre à l’édifice. De l’écriture d’un simple journal intime à la création d’une intelligence artificielle en passant par les algorithmes.
Les histoires ne sont pas réellement liées, du moins pas dans le sens de la participation à une intrigue qui sous-tendrait le roman. D’ailleurs, n’attendez pas un schéma narratif à base de péripéties et d’une situation à débloquer. Si vous cherchez une histoire ou quelque chose de démonstratif, passez votre chemin. Par contre, si vous êtes en quête d’éléments qui poussent un peu à la réflexion, sans êtes totalement explicite, ainsi qu’une vraie sensibilité, le tout servi par une plume maîtrisée, cela vous plaira peut-être. D’ailleurs, la forme est réussie. Chaque histoire a un ton et un style différent. Selon ce qu’elle apporte, elle est présentée sous forme d’un journal intime, d’un dialogue… Et cela sert à chaque fois le fond. Émotions et souvenirs.
Une très jolie surprise !
Vous aimerez si vous aimez réfléchir un peu sans que l’on vous prenne par la main et que vous ne cherchez pas une intrigue à tout prix.
Les +
- Bien écrit, avec une variation bien menée entre les 5 récits
- Une approche intéressante et poétique du sujet
- Pas d’hypertrophie artificielle du livre
Les –
- Un titre VO (« speak ») qui me parait plus pertinent
- Il y aura forcément une histoire que vous aimerez moins que les autres
Résumé éditeur
En 1663, la jeune Mary Bradford fuit l’Angleterre avec sa famille pour le Nouveau Monde. À bord de leur navire, elle fait la connaissance de l’époux à qui ses parents la destinent. En 1928, Alan Turing, l’un des pionniers de l’informatique, planche sur le fonctionnement du cerveau et de l’esprit humain. En 1968, Karl Dettman crée le logiciel de discussion MARY. Il trouve un succès immédiat auprès de son épouse qui lui consacre toutes ses nuits. Elle aimerait que Karl le dote d’une mémoire mais ce dernier s’y refuse, pressentant les risques d’une telle invention. En 2035, la petite Gaby est au plus mal. Comme bien d’autres enfants, elle s’est vu confisquer le robot avec lequel elle avait noué des liens privilégiés. Elle ne communique plus qu’avec MARY3, désormais pourvue de souvenirs et d’empathie. En 2040, Stephen R. Chinn purge sa peine pour avoir conçu des poupées dotées d’une conscience si performante qu’elles ont complètement anéanti les relations sociales entre les adolescents de toute une génération. À travers les siècles et les continents, ces cinq voix s’entremêlent et retracent la création de l’intelligence artificielle et ses dérives. Dans ce brillant roman, Louisa Hall nous propulse au cœur d’un futur dangereusement proche où les robots sont plus sensibles que leurs créateurs, posant une question essentielle : qu’est-ce qu’être humain ?
Rêves de machines de Louisa Hall, traduction de Hélène Papot, couverture de Anne-Gaëlle Amiot, aux éditions FolioSF (2019, sortie VO en 2015), 432 pages.

Un recueil que je note, appréciant les récits suscitant une réflexion et trouvant intéressant cette alternance de forme pour mettre en valeur le fond. Merci pour la découverte parce qu’en librairie, je ne me serais pas forcément tournée vers ce livre.
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Certains ont trouvé ça un peu mièvre mais ça ne m’a pas gêné 😉
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Sauf si c’est vraiment trop trop mièvre, ça ne devrait pas non plus me gêner…
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« Il y aura forcément une histoire que vous aimerez moins que les autres » : je suis obligé de te contredire, je parle d’expérience et il est aussi possible, de manière égalitaire… de n’en apprécier aucune. 🙊
Mais je suis content de voir que ça peut plaire, tant mieux !
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J’ai l’impression d’être une exception sur ce coup-là d’ailleurs ^^’
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