Chronique – Libration (Les voyageurs T2), Becky Chambers

Le cycle des Voyageurs a rapidement provoqué une certaine hype, l’autrice s’installant en figure de proue d’une « nouvelle » manière de concevoir la SF, et plus particulièrement le Space Opera. Exit donc les récits angoissants ou violents, qui dépeignent souvent un futur qui fait assez peu envie – textes pensés et écrits à mon humble avis comme des contre-modèles ou guides à ne pas suivre, n’en déplaise à Musk. Cette approche différente est suffisamment convaincante pour que je lise, et apprécie, le premier tome (L’espace d’un an) et prolonge le cycle avec le roman objet de ce billet.

J’y ai retrouvé les qualités – et défauts, j’y reviendrai – du précédent et qui semblent être la marque de fabrique de l’autrice : un vrai Space Opera aux paysages, ambiances et espèces aliens variées ; un intérêt poussé quant aux Intelligences Artificielles ; et surtout une attention portée aux personnages et à leurs relations, thème où Chambers excelle. Cela ne m’a toutefois pas totalement comblé car même si j’ai passé un bon moment, j’ai aussi trouvé que ça manquait parfois un peu de péripéties.

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Chronique – Après nous les oiseaux, Rakel Haslund

Je ne sais pas s’il s’agit du contexte général et particulier, ou un biais de loupe de ma part, mais j’ai l’impression que le post apo – genre qui raconte la fin du monde, pendant ou après – est à la mode chez les éditeurs d’imaginaire. Le tag « postapo » sur le blog donne d’ailleurs de nombreuses occurrences, toutes époques d’écriture confondues. Le genre navigue souvent entre descriptions habituelles des causes de l’apocalypse, espoir de survie et l’émergence d’une nouvelle – ou pas – société. Aussi, est-il encore possible d’écrire dans ce genre en le renouvelant, sans tomber dans un nihilisme bas de gamme ou la violence gratuite ?

C’est ce que réussit à faire Rakel Haslund avec son premier roman, Après nous les oiseaux. L’autrice danoise prend le parti d’un court récit minimaliste : en révéler le moins possible, introduire peu d’éléments pour nous faire éprouver une douloureuse solitude.

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Chronique – Vers Mars, Mary Robinette Kowal

Vers Mars est la suite de Vers les étoiles et conclut (enfin presque) les aventures d’Elma York, la Lady Astronaute. C’est une suite directe et je ne conseillerais pas de le lire de manière indépendante.

Vers les étoiles avait été un véritable coup de cœur, ce qui rendait la tâche d’autant plus difficile pour ce texte : il fallait être à la hauteur. Le risque d’un biais de lecture, consistant à vouloir retrouver les mêmes émotions et surtout le même émerveillement face à une nouveauté, est un réel piège. De l’eau a un peu coulé sous les ponts, et j’ai tendance à vite oublier ce que j’ai lu. Vers Mars est aussi un coup de cœur. Je n’y ai certes pas trouvé les mêmes ingrédients mais j’ai aimé retrouver ces personnages, une ambiance différente – celle d’un voyage spatial – et surtout un prolongement des évènements du premier volume.

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Chronique – Sweet Harmony, Claire North

Claire North était déjà une habituée de la collection Une Heure Lumière avec sa trilogie La Maison des Jeux, relativement inclassable et dont je disais beaucoup de bien du premier tome, Le Serpent. L’autrice maitrisant parfaitement le format – moyennement – court, il était logique de voir un autre de ses textes dans la collection sublimée par les couvertures d’Aurélien Police.

Sweet Harmony est donc le 49e volume de la collection, et un texte résolument de science fiction. Enfin, « science », c’est évident car il s’agit de parler d’une nouvelle forme de médecine, à base de nanotechnologies, et surtout de ses applications les moins vitales. « Fiction », pas vraiment tant le texte tape juste – et fort – sur un néolibéralisme échevelé – sauf si vous avez souscrit aux bonnes nanos -, tout en interrogeant la place de la femme dans cette société de l’image. Comme le dit la quatrième, c’est « bientôt ». Mon coup de cœur, et mon malaise, sont eux immédiats.

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La trilogie du samedi – Trilogie d’une nuit d’hiver, Katherine Arden

La trilogie du samedi est un nouveau type de billet sur le blog, clin d’œil à l’incontournable rendez-vous télévisuel que les plus jeunes – et les plus vieux – d’entre vous ne connaissent peut-être pas, mais surtout solution à un problème que je rencontre pour rédiger certaines chroniques. Car il est relativement facile d’écrire au sujet d’un premier tome, mais l’exercice est un casse-tête – du moins pour moi – quand il s’agit des suivants, sans parler du deuxième volume, souvent de transition et régulièrement le moins bon d’une trilogie. Ajoutez la question des potentiels spoils, écrire sans raconter le début ou dévoiler la résolutions des intrigues précédentes est une gageure. Enfin, dernier cas de conscience : faut-il « vendre » un premier tome, qui peut-être enthousiasmant, et dont la trilogie est finalement un soufflé qui retombe ?

Je teste donc une démarche qui me permettra, je l’espère, de répondre à toutes ces problématiques et qui, je l’espère – bis – vous plaira. La structure sera probablement identique entre les différentes itérations de ce rendez-vous mensuel, je l’espère – ter – : une présentation générale de la trilogie et de ses thèmes, l’articulation des tomes (avec garantie sans spoils majeurs) et, en guise de conclusion, l’intérêt général en tant que cycle, en toute subjectivité. Et pour ce premier épisode, j’ouvre avec un coup de cœur : La trilogie d’une nuit d’hiver de Katherine Arden, qui pourrait être considérée comme un modèle du genre.

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Chronique – La débusqueuse de mondes, Luce Basseterre

Puisque je consacre cette semaine aux grosses bestioles de l’espace, après Barbares, voici un billet publié initialement sur Facebook, en novembre 2019, consacré à La débusqueuse de mondes de Luce Basseterre.

Roman acheté à l’époque où j’avais peu de contacts avec les blogs et où je suivais assez peu les avis. Ici, la 4e de couverture et l’envie de découvrir une autrice française de SF ont été décisives. Et je ne l’ai pas regretté, c’est un très bon livre. Relire ces chroniques me permet aussi de mesurer le chemin parcouru en terme de découvertes et de goûts…

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Chronique – Un Pont sur la brume, Kij Johnson

Chronique publiée initialement sur Facebook en décembre 2020. Une novella qui m’a été conseillée par Anne-Laure : voulant découvrir la collection aux sublimes couvertures, je lui avais demandé de me conseiller deux titres. Il s’agit donc de la seconde lecture, après l’excellent L’homme qui mis fin à l’histoire. Et je vais finir par croire que mes goûts sont assez transparents.

L’univers est très minimaliste, quelque part entre Fantasy et SF. Un empire coupé en deux par un fleuve de brume, dont le lit est peuplé de mystérieux géants. C’est tout et c’est tant mieux. Ici, point de vaste world building où la création d’un univers est parfois une fin en soi, aux détriments de l’intrigue ou des personnages ; mais un récit profond et intimiste.

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Chronique – Un long voyage, Claire Duvivier

Il y a des lectures que l’on repousse longtemps, pour moult raisons, bonnes ou mauvaises. J’ai d’abord offert Un long voyage à mon épouse, qui a mis longtemps à le lire car c’est « looooooooong » – la faute au manque de dragons sans doute. Il y a ensuite les nombreux retours, pour l’essentiel dithyrambiques, qui déclenchent parfois chez moi un esprit grotesque et immature de contradiction. Puis vient le moment où l’on se rend compte, par exemple, que les lectures de cette année sont très masculines et anglosaxonnes et qu’équilibrer ça serait une bonne chose. Ou que c’est tout simplement le bon moment.

Lecteur ou lectrice, tu ne trouveras dans cette chronique aucune originalité. Je vais ajouter des louanges aux louanges. Un Long voyage est un des romans les plus beaux qu’il m’ait été donné de lire. En étant froidement analytique, je dirais que c’est un roman complet : une très jolie plume, un univers antique doucement esquissé avec sa part de mystères, et surtout un beau texte sur le temps qui passe. Je t’emmène.

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Chronique – After Atlas, Emma Newman

Il y a un an et demi, je vous parlais d’un coup de cœur, PlanetFall d’Emma Newman, planet opera aux personnages torturés. Sur les réseaux sociaux et dans les commentaires, beaucoup (dont Vert et le Maki) m’ont encouragé à lire la suite en me promettant que ça serait encore meilleur et que l’histoire était indépendante. Je mettais en avant chez Emma Newman une rigueur dans la narration et un talent pour construire ses protagonistes ; les attentes pour After Atlas étaient donc élevées : retrouver une autrice dont la narration et l’univers m’avaient convaincu.

Pour cette suite, Emma Newman retourne sur Terre et change donc de style, en se tournant vers le polar, dans une version procedural. A nouveau un personnage très cabossé, à la fois intégré et marginalisé, dont l’histoire personnelle est intimement liée aux enjeux du premier roman. Et c’est un deuxième coup de cœur.

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Chronique – After®, Auriane Velten

En ce moment, quand je choisis un livre, voici les critères – autre que le presque impératif format poche – qui conditionnent mes choix : une préférence pour la SF, un one shot (trop de cycles en cours), une autrice, une écriture en français et bien évidemment une quatrième qui me parle. Quand tous ces critères sont réunis, ce qui est (trop) rare au regard de la quantité de sorties, le livre passe en priorité dans ma wish list puis au sommet de la PAL avec comme corollaire le risque d’une déception proportionnelle à cette priorité. Recevoir le prix Utopiales 2021 est bien sûr un facteur d’attente supplémentaire.

Aucune déception pour moi, bien au contraire. Avec After®, Auriane Velten signe un premier roman d’une excellente facture : un univers post-apo qui se dévoile petit à petit, des mystères et rebondissements, sans oublier les interrogations que permet de poser la SF.

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