Chronique – Cuirassés, Adrian Tchaikovsky

Avec Cuirassés, c’est la troisième fois que l’auteur britannique est édité dans la collection de novellas Une heure Lumière. Il appartient à mon panthéon personnel des auteurs de SF, avec des textes caractéristiques mais toujours différents, avec sa prose acérée, tout particulièrement ici.

C’est dire si j’attendais ce texte avec impatience, toujours fasciné par les robots et les méchas – on ne se refait pas – ainsi que la promesse formulée par la quatrième de couverture. J’imaginais quelque chose lorgnant vers Le vieil homme et la guerre de Scalzi, mais avec un texte peut-être plus réaliste, n’étant pas un SpaceOp. Et en effet, Tchaikovsky s’inspire de l’Histoire pour son texte et nous propose un contexte géopolitique tendu, qui rappelle la Guerre Froide, et où la distinction entre les forces en présence devient extrêmement floue, tout en multipliant les références à l’histoire de la SF.

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Chronique – La couleur du froid, Jean Krug

Jean Krug s’est taillé une place au piolet dans le monde de la SF française, écrivant avec la régularité d’un atome qui se gèle les électrons. La couleur du froid est son troisième texte édité chez Critic, republié ensuite en poche chez Pocket, puis à rejoindre ma bibliothèque. Rien qu’à regarder la couverture évocatrice d’Aurélien Police, la température baisse de plusieurs degrés, toujours utile dans un contexte de réchauffement climatique.

Car La couleur du froid est avant tout une fiction climatique, où l’auteur consolide un peu plus sa signature d’auteur du froid avec un texte qui articule hard SF et aventure, servi par une plume qui titille nos sens. Un conseil : prenez une boisson chaude, un alcool quelconque, voire un alcool chaud.

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Chronique – Vallée du Carnage, Romain Lucazeau

Je vous ai parlé il y a peu de mon projet de « Prix Mondes de poche » pour la saison 2025-2026, et donc de ma priorité désormais donnée aux sorties les plus récentes. Vallée du carnage est un texte que je n’aurais probablement pas lu, tant j’avais détesté Latium du même auteur, au point de me dire « plus jamais ». Mais par honnêteté intellectuelle – si je commence à faire le tri, je biaise mon propre projet -, renforcée de surcroit par plusieurs avis très positifs de blogopotes, je me devais de donner sa chance à ce texte, en mettant de côté mes à priori.

Bien m’en a pris parce que Vallée du carnage est un coup de cœur, même s’il me l’a soulevé à de nombreuses reprises, et peut-être davantage qu’aucun autre texte de fiction avant lui. Romain Lucazeau met en scène des civilisations antiques qui non seulement ne se sont pas écroulées mais se livrent, dans un futur alternatif, une guerre totale, dans un récit aux allures de tragédie.

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Chronique – Dernier meurtre au bout du monde, Stuart Turton

Après Hurlements d’Alma Katsu, le hasard m’entraine de nouveau vers les nouveautés de la maison d’édition 10-18. Mais après le fantastique, place à la SF, et à un auteur bien moins confidentiel puisqu’il s’agit de Stuart Turton et dont les deux précédents romans sont devenus des best seller, atteignant un lectorat bien plus large que celui spécialisé en imaginaire. Fort occupé, j’avais remarqué les couvertures de ces ouvrages sans les acquérir – mais Mme de Poche avait lu, et aimé, Les sept vies d’Evelyn Hardcastle – et voici l’occasion pour moi de me rattraper puis de m’interroger sur ce qui a pu séduire tant de monde. Dans tous les cas, force est de constater que ce succès était attendu, tant les délais de traduction, puis de sortie en poche sont rapprochés pour le livre dont nous parlons ici.

Même s’il ne s’agit pas d’un coup de cœur, je n’ai pas vu passer les pages – bon signe – de Dernier meurtre au bout du monde : texte de SF, aux accents post-apo et surtout dystopiques, mais avant tout un polar à énigmes, et dont les enjeux vont bien au-delà du bout – et de la fin – du monde.

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Chronique – Le village des damnés, John Wyndham

Faut-il lire les classiques ? Non. Enfin, si. Bon, le sujet mérite bien plus qu’une phrase laconique et fera l’objet d’un hypothétique développement ultérieur. La réflexion peut tout de même être amorcée à partir d’exemples concrets, de ces textes qui raisonnent et qui ont dépassé les limites de papier, pour intégrer l’imaginaire collectif, la culture populaire.

Le village des damnés fait partie de ceux-ci grâce à l’adaptation de Carpenter, elle-même remake d’un premier film. Lycéen à l’époque, et déjà pleutre, je me suis empressé de ne pas allé le voir, mais l’affiche et quelques bandes annonces perçues ici ou là ont laissé de vagues souvenirs : des regards dorés. La réédition aux éditions J’ai lu était l’occasion de prendre mon courage à deux mains ; et donc découvrir qu’il ne s’agit pas d’un texte fantastique, qu’il est assez daté dans son fond et sa forme, mais qu’il propose une expérience de pensée, en quasi huis clos, qui mérite qu’on s’y attarde.

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La trilogie du samedi – L’Interdépendance, John Scalzi

J’ai découvert John Scalzi avec Le vieil homme et la guerre, désormais un de mes textes favoris, et j’ai donc continué à explorer l’œuvre de l’auteur. J’apprécie sa truculence et ses punch lines, ainsi que son engagement. Même s’il m’a déçu avec ses derniers textes – trop parodiques et « faciles » – je voulais lire cette trilogie, parfois présentée comme ce qu’il a écrit de mieux (spoiler : c’est presque vrai) et dont j’ai acheté, puis fait dédicacer, le premier tome lors des Utopiales 2024. L’interdépendance est bien une grande réussite. Sous ses airs de Space Opera, dont l’univers m’a parfois rappelé Dune, l’auteur y livre une analyse acide de notre mondialisation et des enjeux de pouvoir, mais sans oublier de raconter une histoire trépidante, tout à fait recommandable au premier degré de lecture.

Je conserve la même structure pour cette rubrique, et j’évoque donc le cycle dans son intégralité, tout en évitant au maximum de spoiler : une présentation générale de la trilogie et de ses thèmes, l’articulation des tomes et, en guise de conclusion, l’intérêt général en tant que cycle, en toute subjectivité.

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Chronique – Le dernier des aînés, Adrian Tchaikovsky

J’aime la collection Une Heure Lumière, j’aime Adrian Tchaikovsky, auteur fort sympathique de surcroit, rencontré aux Utopiales 2024 : l’achat de cette novella était donc évident. Les aléas de la PAL font que le titre a ensuite un peu végété et c’est le hasard d’un billet de blog, celui d’Albédo en l’occurrence – et dont je me réjouis du retour – qui m’a donné envie de l’en extraire. Compte tenu de l’auteur et de la chronique dithyrambique, j’en attendais beaucoup, et je n’ai pas été déçu.

Avec Le dernier des aînés, l’auteur britannique revisite un thème classique de la SF : le décalage des civilisations dans un contexte d’expansion de l’humanité dans l’univers. Mais il fait ça très bien, par un texte qui allie avec talent fond et forme, et qui nous livre par la même occasion deux personnages principaux, que tout pourrait opposer, mais finalement pas si différents que ça.

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Chronique – Re:Start, Katia Lanero Zamora

La collection RéciFs lancée par les éditions Argyll – avec un F majuscule comme Féminisme – continue de tracer son sillon dans le paysage éditorial français, et contribue à y ancrer un peu plus le format de la novella, ainsi qu’un engagement plus que jamais nécessaire.

Re:Start pourrait être le porte-étendard de cette ligne éditoriale et le ton est donné dès l’avertissement annoncé en première page. L’autrice décrit avec acidité l’avènement d’une firme transnationale 3.0, véritable projet dystopique aux dérives sectaires qui s’appuie les possibilités offertes par les dernières technologies et où les femmes deviennent leurs propres bourreaux.

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Chronique – Un océan de rouille, C. Robert Cargill

Un océan de rouille fait partie de cette liste de livres achetés le mois de leur sortie, quand je suis intrigué par une quatrième de couverture et/ou un bouche à oreille positif, mais qui peut trainer un peu en PAL car n’étant pas particulièrement attendu. C’est souvent après une petite séance d’archéologie qu’un de ces titres peut être pioché, pour trancher avec des lectures précédentes. Ici, j’avais envie de « vraie » SF – comprendre là ou la technologie joue un rôle important – en one shot, et avec un soupçon d’action.

C. Robert Cargill est un de ces auteurs étatsuniens qui écrit pour différents supports, littérature donc, mais aussi cinéma (Dr. Strange…) et dont l’écriture est un métier, dans tous les sens du terme. Ce sont des profils d’auteurs que j’aime bien, car même si on s’éloigne de l’artisanat voire de l’art tout court, on obtient en général des œuvres efficaces, bien calibrées – rien de péjoratif ici, je ne suis pas (trop) élitiste – sans être nécessairement des blockbusters décérébrés. Un océan de rouille est à ce titre un livre divertissant, appartenant à la catégorie du post apo, hybride entre Mad Max et Terminator mais sans humains, dont les enjeux augmentent au fil des pages, et qui traite finalement de problématiques bien humaines, comme le libre-arbitre ou la vie.

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Chronique – La cité des nuages et des oiseaux, Anthony Doerr

Je n’aime pas les bandeaux rouges. Je n’aime pas les mentions du type « un des meilleurs livres… ». J’ai également parfois un peu de crainte quand un auteur de littérature blanche s’aventure sur le terrain de l’imaginaire. Bref, je m’aventure parfois à reculons dans un texte que je décide d’exhumer de ma PAL car « à un moment, faut ben ! ». Et quand c’est une brique de plus de 800 pages, le manque d’envie peut être encore plus grand.

Mais parfois, c’est un moment de grâce, de pur bonheur. Quand nous sommes happés dès le début, où chaque page tournée se savoure, puis nous entraine inéluctablement à la suivante, encore et encore, et qu’une pensée vient : « je lis un des meilleurs livres de tous les temps ». Vous avez compris, ce roman est un grand coup de cœur ; au programme : amour des livres, de l’histoire et de la SF, de l’émotion. Un livre écrit pour moi en somme.

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