Chronique – Élise sur les chemins, Bérangère Cournut

Tenir un blog est différent d’un site Internet, car il y est davantage admis, et peut-être même attendu, que sa ou son propriétaire se livre un peu, voire échange avec les âmes égarées perdues parmi ses quelques billets. Pour évoquer Élise sur les chemins de Bérangère Cournut, je n’ai guère le choix, tant ce court livre m’a parlé, en tant que lecteur mais au-delà. Car parmi les quelques passions qui m’animent, il y a bien évidemment les lectures de l’imaginaire, ce blog en est une des preuves, mais aussi la géographie, dont j’ai fait partiellement mon métier, avec une flamme ravivée par mes années agrégatives.

Aussi quand l’autrice francophone se lance dans une biographie librement inspirée de la famille d’Élisée Reclus, sous forme d’un conte fantastique en vers libres, pour prolonger les luttes anarchistes du géographe épris de liberté… cela donne un grand coup de cœur.

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Les trilogies du samedi – La Tour de garde, Guillaume Chamanadjian & Claire Duvivier

J’ai pris la décision il y a quelques temps de n’entamer la lecture d’un cycle qu’une fois celui-ci terminé ; je n’apprécie guère quand les suites ne sont finalement pas éditées, et ma mémoire n’est plus ce qu’elle était. J’évite également ainsi le phénomène de hype lié à un début parfois tonitruant, puis un prolongement plus médiocre, voire pire. Le cycle publié intégralement, cela me permet aussi de rapprocher les lectures, sans aller jusqu’au binge reading mais en lisant une série puis d’enchainer une autre. Voici l’état d’esprit qui était le mien.

La Tour de garde m’a réconcilié – durablement – avec ces grandes fresques, que j’ai aimé savourer au rythme d’un tome par mois. Durant un semestre complet, les personnages des capitales du Sud et du Nord m’ont accompagné, et je les ai quittés avec énormément de tristesse ; vous l’avez donc deviné, je vais ajouter mes louanges à ce qui est déjà un véritable succès, tant critique que commercial.

Même s’il s’agit de deux trilogies, je garderai la structure habituelle de cette rubrique du blog : une présentation générale du cycle et de ses thèmes, l’articulation des tomes – avec les options de lectures permises ici – et, en guise de conclusion, l’intérêt général en tant que cycle.

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Chronique – Code Ardant, Marge Nantel

Il y a des récits qui ont intégralement pénétré la culture populaire, qui font écho même chez celles et ceux qui n’étaient pas encore de ce monde, ou qui n’en ont guère vu plus que quelques images aperçues au détour d’un réseau social. Mad Max est de ceux-ci et a inspiré au-delà des deux océans étatsuniens : Fist of the North Star au Japon pour n’en citer qu’un, et est de nouveau à la mode depuis le développement de la franchise.

Code Ardant n’est pas la première œuvre hexagonale à s’inscrire dans les marques de pneu du film de 1979 et en reprend largement les codes – avec ses qualités et défauts – en mettant en scène une bande de doux dingues qui se démènent dans un monde où finalement rien ne change, ou presque.

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Chronique – Chanter le silence, Cassandra Khaw

Deux moi après Briser les os (chronique ici), la collection RéciFs nous propose la seconde partie de la duologie Persons non grata, dans laquelle Cassandra Khaw poursuit l’hommage et sa revisite de l’œuvre de Lovecraft. Nous retrouvons donc Pearsons, notre privé du premier volume, mais dans une ambiance et une histoire bien différentes, puisqu’il n’en est pas le narrateur.

Avec ce changement de focale, Chanter le silence reprend d’autres thématiques de l’auteur années folles, avec une intrigue qui se rapprocherait davantage des Contrées du rêve, encore plus sensorielle, tout en donnant à nouveau la parole aux opprimés.

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Chronique – Briser les os, Cassandra Khaw

La collection RéciFs des éditions Argyll semble s’être enracinée dans le paysage littéraire SFFF. Si j’en crois les conversations, la collection se… collectionne et les textes en bonne trônent désormais en bonne place sur les étagères et gondoles des nouvelles sorties. Pour ma part, j’ai désormais un peu de retard sur ces publications et j’ai donc décidé de donner priorité au dernier né, tout comme je priorise désormais les « nouveautés » poche en général. Le hasard aidant, je n’avais lu que de la SF chez eux (Foodistan et Re:Start) ; Briser les os est donc le premier texte RéciFs fantastique pour moi. Et il y en aura donc un deuxième, puisqu’il s’agit du premier tome d’une duologie.

C’est un texte qui ressemble d’abord à un polar un brin classique, mais surtout qui dépoussière et rend hommage à Lovecraft, avec une ambiance âpre et brutale, ainsi que cette colère sous-jacente que j’avais déjà sentie dans mes deux lectures précédentes.

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Chronique – Hurlements, Alma Katsu

J’ai décidé de me consacrer en priorité aux « nouveautés » poche, c’est à dire les textes publiés pour la première fois dans ce format (voire les inédits) ; et même si j’ai parfois l’impression qu’il me manque une culture classique, je préfère tout de même me consacrer aux nouveautés. J’en profite pour remercier le site Noosfere qui annonce les sorties mois par mois, ou encore Célinedanaë, Sometimes a book et L’ours inculte : grâce à vous, j’ai pu éplucher toutes les sorties.

Et c’est en fouillant dans ces précieuses pages, consacrées à septembre, que j’ai déniché ce titre d’une maison d’édition dont l’activité Imaginaire était totalement passé sous mon radar ; la nouveauté est en réalité double, car je ne connaissais pas davantage l’autrice. Hurlements m’a immanquablement fait penser à Terreur : le récit d’un évènement historique réel auquel on ajoute un élément fantastique pour expliquer l’inexpliqué. Ici, les personnages doivent faire face aux difficultés d’un voyage, au surnaturel… et surtout à eux-mêmes.

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Chronique – L’orage qui vient, Louise Mey

La figure du loup-garou est parent pauvre ma bibliothèque. Ce n’est pas pour autant une figure que je mais il est peu présent dans les collections imaginaires qui m’intéressent – je ne lis peu ou pas d’Urban Fantasy et toutes ses déclinaisons. Peut-être moins séduisant ou ambivalent que le Vampire, l’image qui leur colle aux pattes est celle d’une créature qui perd tout contrôle à la pleine lune, primaire, brutale. Mais c’est aussi un être dual, ambigu, toujours sur le fil du rasoir, quasi symbole de la dialectique nature/culture.

C’est cette direction qu’a explorée Louise Mey dans L’orage qui vient, texte hybride entre post-apo et fantasy, qui articule féminisme et respect de l’environnement à travers la figure de Mila, jeune louve-garou. Un texte court mais percutant, que j’ai beaucoup aimé.

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Chronique – Re:Start, Katia Lanero Zamora

La collection RéciFs lancée par les éditions Argyll – avec un F majuscule comme Féminisme – continue de tracer son sillon dans le paysage éditorial français, et contribue à y ancrer un peu plus le format de la novella, ainsi qu’un engagement plus que jamais nécessaire.

Re:Start pourrait être le porte-étendard de cette ligne éditoriale et le ton est donné dès l’avertissement annoncé en première page. L’autrice décrit avec acidité l’avènement d’une firme transnationale 3.0, véritable projet dystopique aux dérives sectaires qui s’appuie les possibilités offertes par les dernières technologies et où les femmes deviennent leurs propres bourreaux.

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Chronique – Cimqa, Auriane Velten

Il y a deux ans, j’avais chroniqué AfterR d’Auriane Velten, véritable coup de cœur, et texte remarquable pour un premier roman. Cimqa est donc son deuxième, dont je guettais la sortie poche pour voir si elle transformait l’essai, avec la pointe de curiosité supplémentaire quant aux différences ou similitudes d’un texte à l’autre. Sorti en avril de cette année, il tombait à point nommé pour rééquilibrer une liste de lecture d’auteurs très masculins, et anglo-saxons ; de surcroit, un one-shot ne se refuse pas, et encore plus quand on s’aventure en terrain totalement inconnu.

Et Cimqa est une belle démonstration des qualités d’Auriane Velten ainsi que de sa capacité à changer de thématique. Ici, pas de post-apo dystopique – et finalement assez classique – mais un texte de SF qui postule la capacité de rendre réel ce que l’on imagine. Une idée qui permet de questionner la manière dont une telle innovation pourrait être utilisée à l’heure du néo-libéralisme, tout en faisant la part belle aux personnages et à leurs failles.

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Chronique – Foodistan, Ketty Steward

Le format des novellas, ou romans courts, semble rencontrer de plus en plus de succès. Entre la collection Une Heure Lumière du Bélial, celles éditées chez l’Atalante, au Passager Clandestin ou encore 1115, le choix ne manque pas. J’ai découvert lors des Utopiales 2024 cette nouvelle venue, la collection RéciFs, lancée la même année par les éditions Argyll. Un F majuscule comme Féminisme : la ligne éditoriale de la collection propose des textes d’autrices – engagées – et la charte graphique a été confiée à Anouck Faure. Entre ces éléments d’unité et les numéros de tranche, j’y vois une reprise de la recette UHL, et je m’en réjouis.

Foodistan n’est pas le premier de la série (il porte le numéro 3) mais celui dont la Quatrième m’a le plus intrigué sur le moment. Un texte post-apo, basé sur le thème de la ressource alimentaire et prenant place en France, promettait une vraie originalité. Promesse tenue dont j’ai aimé l’inventivité, ce nouveau monde imaginé et le miroir qu’il nous tend, même si j’ai été un peu décontenancé par l’absence du classique schéma narratif. Chronique 100% sans jeux de mots ou figures de style alimentaires.

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