Mondes de Poche… aux Utopiales de Nantes

Lors du bilan de l’année 2021, j’évoquais ma résolution numéro un, à savoir me rendre à un salon de l’imaginaire. Je mentionnais aussi les freins, notamment distance et calendrier. Mais quand Cecilia, du groupe Les Mordus a proposé de loger une petite bande de doux dingues (j’y reviendrai) à proximité du Palais des congrès, et que le week-end des Utos tombe en plein milieu des vacances scolaires, le projet commençait à devenir concret. Le seul petit bémol était la question du transport : la mort dans l’âme, et la trouille au ventre, j’ai été obligé d’écarter l’option du train, bien plus long et coûteux que l’avion.

Ce billet est pour moi l’occasion, au-delà de l’exercice du retour, de prolonger un peu l’immense plaisir de ce week-end de trois jours. Ce festival est réellement vertigineux, entre conférences souvent passionnantes, la plus grande librairie de l’imaginaire de la Galaxie, dédicaces et surtout de bien belles rencontres.

Les Utopiales, mais qu’est-ce donc ?

Les Utopiales est un festival autour de la culture de l’imaginaire ou SFFF : Science-fiction – avec peut-être un léger accent à ce niveau, du moins j’en ai l’impression – Fantasy et Fantastique ; et quels qu’en soient les supports, du cinéma à la BD, en passant par ce qui intéresse un peu plus votre serviteur de poche, romans et nouvelles. La forme n’est pas le seul sujet, puisque de nombreuses conférences ou tables rondes discutent du fond et des thématiques que soulèvent ou approfondissent les genres de l’imaginaire. L’an dernier, le festival avait accueilli 75000 personnes sur quatre jours et a dépassé la barre symbolique des 100 000, renouant avec l’apogée ; j’ai en effet trouvé qu’il y avait beaucoup de monde, surtout le dimanche. Chaque année, un thème est retenu et sert de colonne vertébrale pour les différentes interventions. Pour cette 23eme édition, c’était la notion de « limites » et ce qui gravite autour, comme le cadre ou l’hubris. La note d’intention est ici.

Le teaser de cette édition

Les conférences et tables rondes

Ne connaissant ni les lieux ni l’organisation, et rejoignant un groupe de potes, je n’avais pas de réel programme en arrivant sur Nantes. C’est au hasard des discussions, des « qui est où » et « qui veut voire quoi » – notre tchat a chauffé tout au long des Utos, même avant et après – que j’ai fait mes choix. Ma seule certitude était d’aller voir au moins une conférence à laquelle participait Roland Lehoucq, que j’admire pour sa pédagogie, et encore davantage désormais après avoir découvert son humour et ses piques incisives.

La leçon du président : les stations spatiales

Roland Lehoucq, outre sa participation à la revue Bifrost, l’écriture d’ouvrages de vulgarisation (vous avez sûrement entendu parler de Faire des sciences avec Star Wars) et son métier d’astrophysicien au CEA, est aussi président de l’association du festival international de science-fiction de Nantes. Aussi, chaque édition des Utos s’ouvre sur une leçon, à la manière de celles du Collège de France. Dans celle-ci, il était question des stations spatiales, imaginaires ou réelles, passées ou à venir. Pour chacune, Roland Lehoucq analyse la crédibilité, à la fois scientifique et également en termes plus larges : il n’oublie pas que la SF est aussi (surtout ?) un miroir de notre présent. Ainsi, dans de nombreuses illustrations de stations à vocation d’habitat, la représentation est souvent inspirée des banlieues chic étatsunienne, une forme de vision du paradis que nous détruisons. Les stations du futur quant à elles sont souvent issues de l’esprit de milliardaires, pensées pour des milliardaires – comme évoqué dans Three Robots: Exit Strategies de l’anthologie Love, Death & Robots – avec un cynisme déconcertant : sauver quelques personnes dans une philanthropie déguisée. En tant qu’enseignant, je suis admiratif du sens de la pédagogie du président : efficacité, clarté, concision et (im)pertinence. Je vous invite chaudement à visionner la captation de cette leçon.

La science CQFD

La méthode scientifique, l’excellente émission de France Culture s’est arrêtée en 2022, et je me sens – comme beaucoup – orphelin du rock’n’roll Nicolas Martin. Je ne pouvais donc pas passer à côté de sa présence lors de l’enregistrement de l’émission La science, CQFD, digne héritière de la précédente, à laquelle l’ancien animateur était convié. Je décerne d’ailleurs à cet épisode la récompense honorifique de meilleur titre du monde avec Rafraichissez vous l’Alien. Je n’avais jamais envisagé cette approche concernant ce blockbuster, extrêmement inclusif car abordant la question des discriminations et étant une œuvre féministe : en 1979, ces thèmes n’allaient pas de soi. La remarque de Jeanne-A Debats, déléguée artistique des Utos, où elle montre que Ripley est une simple survivante, grâce à ses qualités, et sans un trauma passé qui expliquerait sa résilience, a fait mouche dans mon esprit. Le podcast est en ligne.

Psychophobia

Cette table ronde, autour du thème du méchant, du fou et du monstre a été mon unique déception. Une entrée par le polar (il me semblait être aux Utos…), l’absence de perspective historique, de précision dans le vocabulaire et la multiplication des lieux communs m’a déçu, voire agacé. Les thèmes me paraissent être bien trop sensibles et subtils pour se passer, à minima, d’un expert de la santé mentale et d’un philosophe. De même, j’aurais apprécié une évocation des monstres de l’imaginaire : il me semble qu’il y avait pourtant matière à… Les limites de l’exercice donc.

Irons-nous vers les étoiles

J’ai retrouvé Laurent Lehoucq, cette fois accompagné d’Elisa Cliquet Moreno et d’Olivier Grasset, autour du sujet de l’exploration spatiale à longue distance, habité ou non. La présentation des enjeux, notamment liés aux coûts en terme de carburant et de masse était passionnante. La recherche progresse, avec de nombreux brevets déposés et des thèses fondamentales à appliquer. On regrettera le décalage entre le temps scientifique, nécessaire pour ces projets, et le temps politique, bien plus « courtermiste ». La petite phrase d’Elisa Cliquet Moreno « la Lune c’est la génération d’avant », a déclenché l’hilarité générale. Nous avons même assisté à la naissance d’un projet… La captation est bientôt disponible.

L’auteur et son ombre

Le principe du format L’auteur et son ombre est d’associer un auteur ou une autrice et la personne qui traduit, ici P. Djéli Clark, un des chouchous de ces Utos et Mathilde Montier. Ils ont alterné des lectures, d’abord en VO puis la VF, de Maître des Djinns, Les tambours du Dieu noir ou encore Ring Shout. C’était à la fois émouvant d’entendre ces lectures à deux voix et captivant de découvrir le processus de traduction et le rapport qu’entretient l’auteur avec ces versions de ses textes.

Remise du prix Julia Verlanger

Durant les Utopiales, il y a les prix… Utopiales. Mais aussi des prix dits « amis », et notamment le prix Julia Verlanger. C’était un très beau moment, entre l’émotion suscitée par l’évocation de la mémoire de Roland C. Wagner (si vous suivez le blog, vous savez à quel point j’adore cet auteur) et les lectures d’extraits des différents ouvrages nommés – même si j’ai hoqueté à l’entente de « nominé » – puis la remise du prix lui-même.


Les nommés étaient :
— Le serpent (la maison des jeux) de Claire North, Éd. Le Bélial (traduit par Michel Pagel)
— Le livre de Koli / Les épreuves de Koli de M.R. Carey, Éd. L’Atalante (traduit par Patrick Couton)
Le livre de Phénix de Nnedi Okorafor, Éd. ActuSF (traduit par Hermine Hémon et Erwan Devos)
 Les libraires gauchers de Londres de Garth Dix, Éd. Leha (traduit par Florence Bury)
— Meute de Karine Rennberg, Éd. ActuSF
— Tè Mawon de Michael Roch, Éd. la Volte
Ring Shout : Cantique rituel de P. Djèlí Clark, Éd. L’Atalante (traduit par Mathilde Montier)

Je n’avais lu que Le serpent, dont je vous ai déjà dit énormément de bien ici, et les autres me donnent envie ; j’ai acheté Ring Shout, dédicacé par P. Djeli Clark. C’est d’ailleurs lui qui est lauréat de ce prix, remis par Pierre Bordage qui était présent dans la salle. La réaction de P. Djeli Clark était particulièrement émouvante, sincèrement surpris de l’accueil de ses livres en France et par ce prix en particulier, avec un ouvrage très ancré dans son contexte. Talent et humilité.

Le ciel d’Alastor

Dernière conférence pour moi (je ne compte pas celles que je n’ai regardé que partiellement), et encore une du Président. J’apprécie la SF pour les expériences de pensée qu’elle permet, et encore davantage quand elles sont à la fois originales et crédibles. Dans ce cas, l’idée était de réfléchir à ce qu’aurait été la vie sur Terre dans des configurations très différentes : une Terre géante, à bien plus forte gravité, avec davantage de soleils (deux, trois, six…) ou même dans un amas globulaire. Très intéressant tout en restant accessible. Les bons textes sont ceux qui pour moi arrivent à développer les hypothèses qui vont avec de tels changements, comme par exemple l’impact sur les croyances, l’élaboration des connaissances. Encore quelques petites phrases donc Roland Lehoucq a le secret, comme par exemple quand il explique qu’une configuration dite en « chorégraphie » était probablement artificielle, et donc élaborée par une civilisation alien qu’il vaut mieux « éviter d’emmerder ».

Séance ciné : Unicorn Wars

Les Utopiales, ce sont aussi des séances de projection. Je n’avais pas vraiment épluché le programme, préférant des moments qui resteraient propices aux échanges. Néanmoins, je ne pouvais pas passer à côté d’un long métrage qui s’appelle Unicorn Wars et donc le synopsis est la guerre entre des ours en peluche et des licornes… Il a d’ailleurs obtenu la mention spéciale du jury, ce qui me laisse un peu circonspect. Je n’ai pas réellement détesté mais j’ai trouvé la narration poussive et un scénario qui a tendance à s’égarer. Le dénouement est surprenant mais ne m’a pas convaincu. D’après ce que j’ai entendu, mon avis reste minoritaire. Si vous êtes curieux, la bande annonce est .

Des rencontres !

Librairie et dédicaces

Les Utopiales, c’est aussi une énorme librairie éphémère, qui est une « antenne » de la librairie nantaise l’Atalante, dont vous connaissez probablement la maison d’édition. Je ferai un bilan des achats dans le prochain billet ; je n’ai pas été très raisonnable, mais je me rassure en me disant que presque la moitié de mes achats étaient pour offrir. C’était aussi et surtout l’occasion de faire des dédicacer des livres, même si finalement c’est davantage la discussion avec l’auteur ou l’autrice qui m’intéresse.

J’ai pu échanger avec P. Djeli Clark, absolument adorable et qui m’a semblé à la fois surpris et profondément heureux de sa présence et son succès dans l’hexagone. Je suis allé voir ensuite Jo Walton, tout aussi adorable ; je lui ai raconté, dans mon anglais approximatif mais à priori compréhensible que Mes vrais enfants était le seul livre qui avait réussi à me faire pleurer deux fois, ce à quoi elle m’a répondu avoir beaucoup pleuré en l’écrivant, à tel point que son mari devait lui faire des câlins pour la consoler et qu’elle a depuis perdu un ami à qui elle l’avait dédicacé. J’ai failli verser ma larme à nouveau. Dans ces deux cas, étant donné leur succès, j’avais peur que la queue nuise à l’échange mais il n’en était rien.

J’ai aussi discuté un peu avec Roland Lehoucq, suffisamment pour rendre ma collègue de sciences physiques jalouse ; il était ravi que nous puissions envisager d’utiliser ces ouvrages en classe. Cet homme a la pédagogie et la transmission dans le sang. David Bry a été adorable mais je le savais, on m’avait prévenu. Avec la petite bande, nous avons pu échanger et plaisanter avec lui ; il nous a notamment expliqué le travail réalisé sur la couverture et la mise en page du Chant des géants que j’ai acheté pour ma femme. Un prix David Bry de la sympathie est à l’étude… Enfin, j’étais ravi de discuter avec Laurent Genefort, dont j’admire la connaissance de la science-fiction et du space opera. Il y avait de nombreux textes différents sur sa table, et pourtant ce n’était qu’une fraction de sa production, tant il est prolifique.

Les rencontres fortuites…

Exercice difficile : je vais essayer de citer celles et ceux que j’ai croisé, sans oublier personne. Si je vous oublie, vous avez le droit de m’insulter dans les commentaires. La liste n’est pas un ordre de priorité (je ne serais pas capable d’être aussi odieux, quoique…) mais plutôt un ordre de rencontre.

Il y a tout d’abord la salle de presse où j’ai enfin rencontré Stéphanie Chaptal, que je connaissais que virtuellement et téléphoniquement, puis Feyd, Marc et Bob, blogueurs émérites aux multiples talents. Pour être honnête, l’accès à la salle de presse – sas de tranquillité où ce breuvage nommé café est parfois manquant – ne m’a pas aidé à surmonter ni mon syndrome de l’imposteur, ni ma timidité. Nous nous sommes posés une question intéressante : quels sont les ouvrages écrits à quatre mains qui sont réussis (réponses dans les comm’ si vous voulez). Nous avons également aperçu une Audrey Pleynet sauvage, à l’évolution post éganienne, qui est ensuite partie chercher un café, sans jamais revenir. J’espère qu’elle a pu sortir saine et sauve de sa pokéball. Enfin, j’ai croisé Pascal Godbillon, directeur de collection chez FolioSF et qui m’avait fait le plaisir de m’accorder une jolie interview.

J’ai ensuite rejoint Anne-Laure, qui m’a présenté au fil de nos pérégrinations : Lhisbei avec qui j’échange parfois via les blogs ou Facebook et dont Monsieur a passé son temps à nous préparer ses superbes photos ; Allan Dujiperou, webmaster de Fantastinet et membre de l’Observatoire de l’observatoire ; Marie Juliet, qui tient un des premiers blogs que j’avais trouvé quand je cherchais des challenges de lecture et qui organise notamment le ABC imaginaire ; Colette Shaya enfin, que je connaissais pas et avec qui je n’ai malheureusement échangé que deux mots, ce n’est que partie remise. Et Cédric Jeanneret, que je connaissais déjà comme nom du forum CasusNO (pour les rolistes), mais finalement nous avons préféré parler histoire et course à pied.

Que des gens sympas, et qui ont réussi à me supporter. Je suis également content car le nom de mon blog parle aux gens : je ne me suis pas (trop) trompé quant à l’identité et à ma ligne éditoriale. J’ai également reconnu des noms ou d’autres visages, mais ma timidité à pris le dessus… J’ai du mal à sauter sur quelqu’un en lui disant « mais je sais qui tu es… ». L’an prochain, j’oserai parler aux membres du Belial.

… et les rencontres volontaires

Je garde le meilleur pour la fin. Je dois ma présence et la réussite totale de ce festival aux Mordus. J’ai été logé avec d’autres membres du groupe facebook Les mordus de SFFF (venez, on est sympa) puis nous en avons rencontré d’autres et mangé ensemble le dimanche midi. C’était génial de mettre des visages sur des noms ou des pseudos et de parler littérature, entre autres choses. Je n’en dirai pas davantage : ce qui a été dit à Nantes reste à Nantes. Je vous aime les copains et copines, à très vite j’espère !

Une belle photo de famille ! Normal, je suis dessus...

Une belle photo de famille ! Normal, je suis dessus…

Ces quelques lignes racontent mes Utos. Ce n’est qu’un point de vue de cet évènement gigantesque et je suis passé à côté de tas de choses et de gens, mais je saurai m’en contenter : j’ai kiffé ! En espérant, toutes et tous (presque) vous revoir bientôt !

18 commentaires sur “Mondes de Poche… aux Utopiales de Nantes

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  1. J’ai pu aller aux Utos pour la première fois cette année, sur une journée, presque sur un coup de tête et sans préparation… Et vu le format très axé sur les conférences je crains de ne pas en avoir énormément profité ! Je n’ai pu voir que 2 conférences, dont une pas si ouf, mais les expositions étaient extraordinaires. Côté auteurs je n’ai vu que P. Djèli Clark, discuter un peu avec lui : il n’y avait personne d’autre devant lui, et il a effectivement été adorable ! Je suis ravie de voir que ton expérience a été positive, et pour ma part l’an prochain je préparerai un peu mieux ma venue à ce festival…

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  2. Je reviens sur ta présentation des Utos juste pour rappeler que c’est à l’origine un festival de science-fiction, d’où la présence de nombreux scientifiques dans les conféreces. Le côté fantastique et fantasy ne s’est greffé que plus tard. Et oui ! je suis une vieille habituée ; j’y étais au début avant une longue pause et un retour depuis plusieurs années (malheureusement mon week-end était déjà pris cette fois-ci).
    Je suis entièrement d’accord avec toi : c’est encore mieux quand on y va à plusieurs et cela permet un nombre de rencontres incroyables (d’ailleurs merci les réseaux sociaux pour ça).
    C’est un chouette compte-rendu et j’espère que nous pourrons nous y croiser une autre année 🙂

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    1. Oui c’est ce que j’avais compris. Ça me paraît logique, notamment car de nombreuses autrices et nombreux auteurs ne se cantonnent pas à un genre, et que certains textes sont assez inclassables. Et ça sera avec plaisir 😉

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  3. Joli compte-rendu. Je crois pouvoir dire sans trop prendre de risque que tu as apprécié ton week-end. ^^
    (et par principe, je cite « Vita Nostra », parce qu’il faut toujours citer « Vita Nostra » quand on en a l’occasion)

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    1. Tu ne te trompes pas 🙂
      Oui on s’est rendu compte pour les couples ça fonctionne mieux (et celui-ci est un chef d’œuvre). Mais pour deux auteurs ou autrices aguerri.e.s, c’est plus compliqué…

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      1. Les Kloetzer et les Robinson confirment cette théorie, c’est vrai. Mais il y a quand même d’autres très bons 4 mains, au moins « De bons présages » ou « Elle qui chevauche les tempêtes ».

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  4. Vu les gens que tu as croisé, je ne sais pas comment on a pu se louper XD
    Ce sera pour une prochaine fois ^^
    (pour l’écriture à 4 mains il y a aussi Yves et Ada Rémy. Et pour en rajouter une couche sur les couples qui écrivent GRR Martin et Lisa Tuttle ont été amants, après avant après pendant Elle qui chevauche les tempêtes je ne sais plus).

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