Chronique – Les miracles du Bazar Namiya, Keigo Higashino

Les miracles du bazar Namiya de Keigo Higashino

Celles et ceux qui ont lu mon top 2021 (pour les autres, il n’est pas trop tard pour corriger le tir) savent que ce livre est médaille d’or de mes lectures fantastiques et UF, et presque médaille d’or tout court. Tellement auréolé de louanges sur le net, je l’ai lu en grand format, avec un peu de crainte car il est aisé de décevoir quand les attentes sont importantes. Il est depuis sorti en poche et pouvait donc être recensé ici, dès qu’un créneau se libérait… (et oui, priorité aux challenges ^^).

Voici donc mon retour publié sur FB en janvier 2021.

Un livre que j’ai beaucoup vu passer sur Facebook, et comme je devais lire un livre d’un auteur asiatique, ça a été le petit coup de pouce nécessaire. Je ne le regrette absolument, j’ai beaucoup aimé, alors que c’est relativement loin de mes goûts habituels.

C’est un récit fantastique très malin. Je ne reviendrai pas sur l’idée générale, la 4e de couverture fait ça très bien. Je vais surtout revenir sur les trois grandes qualités de ce récit, sans hiérarchie aucune.

Tout d’abord, sur la structure du livre. Au premier abord, cela peut ressembler à une succession de nouvelles : une lettre arrive au bazar et les occupants donnent des conseils. Mais l’auteur est malin. D’une partie à l’autre, il change le point de vue pour envisager tous les personnages qui peuvent graviter autour de ce bazar : les occupants, les auteurs des lettres, leurs proches… J’avais un peu peur d’un côté répétitif mais pas du tout, c’est une grande réussite. Mieux encore, ces récits sont reliés par un fil rouge qui se dessine au fur et à mesure pour aboutir à un beau récit cohérent, sur plusieurs générations.

Je suis une sportive, mais je ne peux pas vous dire dans quelle discipline. Au risque de paraitre prétentieuse, je ne suis pas mauvaise, j’ai été présélectionnée comme candidate aux Jeux olympiques de l’an prochain. Si je vous révélais le sport que je pratique, il vous serait facile de m’identifier. Mais je ne peux pas vous demander conseil sans vous parler des Jeux olympiques.
J’aime un homme. Il me comprend et me soutient plus que quiconque. Son vœu le plus cher est que je sois retenue pour l’équipe nationale, et il affirme qu’il est prêt à tout sacrifier pour cela. Il m’a déjà aidée sur le plan matériel et spirituel un nombre incalculable de fois. Sans lui, je ne serai pas où j’en suis aujourd’hui, et je n’aurais pas pu résister aux entrainements rigoureux. Être sélectionnée aux Jeux olympiques me paraissait la meilleure façon de lui exprimer ma gratitude.
Mais je vis aujourd’hui un cauchemar. Il est tombé soudainement malade. J’ai failli défaillir quand j’ai appris qu’il était atteint du cancer.

Ensuite, cet aspect récit générationnel permet de dresser une histoire et une sociologie du Japon. De la prospérité à la crise économique puis à la reprise, avec l’impact sur les inégalités ; ainsi que les structures familiales avec la pression sur les enfants, qui doivent étudier sans relâche et/ou reprendre l’entreprise familiale, la place de la femme et du mariage dans une société qui reste très conservatrice et patriarcale. Les personnages se débattent dans ce Japon qui évolue et qui se cherche un rôle dans le monde, entre rêves et résignation.

Enfin, en lien avec les deux premiers atouts, ce livre a une forte charge émotionnelle. La finesse d’écriture des personnages, à un moment où ils s’interrogent et doutent suffisamment pour écrire au bazar, nous fait ressentir leurs émotions avec force. Espoir, angoisse, honte, doute, chagrin… Ainsi que l’impact des conseils sur leur vie. A deux reprises, j’ai eu les yeux humides, ce qui est très rare. C’est un livre plutôt positif, basé sur le respect, l’entraide, voire le sacrifice mais sans jamais tomber dans le mièvre.

Un superbe livre, où l’expérience de l’auteur permet de dresser une fresque cohérente, avec petite et grande histoire, dans un contexte dépaysant.

Vous aimerez si vous aimez le Japon, les galeries de personnages ordinaires mais écrits avec justesse, et même si ce n’est pas votre genre littéraire.

Les +

  • La construction du livre
  • L’émotion très juste
  • L’histoire du Japon
  • La couverture, tout à fait dans l’esprit du récit

Résumé éditeur

En 2012, après avoir commis un méfait, trois jeunes délinquants se réfugient dans une vieille boutique abandonnée pour s’y cacher jusqu’au lendemain. Dans le courant de la nuit, quelqu’un glisse une lettre par la fente du rideau métallique. Lorsqu’ils l’ouvrent, les trois compères découvrent qu’elle contient une requête adressée à l’ancien propriétaire, qui s’était taillé une petite notoriété dans le quartier en prodiguant des conseils de toutes sortes à ceux qui lui écrivaient. Mais la lettre a été écrite… trente-deux ans auparavant. Ils décident de répondre à cette mystérieuse demande de conseil et déposent leur missive dans la boîte à lait à l’arrière de la boutique, comme l’ancien tenancier avait coutume de le faire. Aussitôt, une nouvelle lettre tombe par la fente du rideau métallique, elle aussi venue du passé… L’espace d’une nuit, d’un voyage dans le temps, les trois garçons vont infléchir le cours de plusieurs destinées, sans se douter qu’ils vont peut-être aussi bouleverser la leur.

Les miracles du bazar Namiya de Keigo Higashino, traduction de Sophie Rèfle aux éditions Babel (parution vo en 2012 – traduction de 2020, présente édition de 2021), 384 pages.

8 commentaires sur “Chronique – Les miracles du Bazar Namiya, Keigo Higashino

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  1. C’est un doudou ce livre. Je l’aime énormément, pour les valeurs/sentiments qu’il véhicule, pour la qualité de construction narrative et pour l’envoûtement qu’il procure, même chez ceux que l’imaginaire rebute.

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